Valcamonica
Art rupestre du Valcamonica
Art rupestre du Valcamonica *
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Coordonnées | 46° 01′ 26″ nord, 10° 21′ 00″ est |
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Pays | ![]() |
Subdivision | Lombardie |
Type | Culturel |
Critères | (iii) (iv) [archive] |
Numéro d’identification |
94 [archive] |
Zone géographique | Europe et Amérique du Nord ** |
Année d’inscription | 1979 (3e session) |
L’art rupestre du Valcamonica constitue l’un des plus grands ensembles de pétroglyphes préhistoriques dans le monde1 et est situé dans la province de Brescia, dans le Nord de l’Italie. Il s’agit de la première inscription au patrimoine mondial de l’Unesco pour l’Italie (1979). L’Unesco a recensé plus de 140 000 œuvres1 mais de nouvelles découvertes ont progressivement porté le nombre total d’incisions cataloguées à 200 0002 voire 300 0003. Les pétroglyphes sont présents dans toute la vallée mais sont concentrés dans les domaines de Darfo Boario Terme, Capo di Ponte, Nadro, Cimbergo, Paspardo et Bedolina.
Caractéristiques
Les incisions ont été réalisées sur une période de 8 000 ans, du Mésolithique jusqu’à l’âge du fer (Ier millénaire av. J.-C.)2. Les derniers pétroglyphes sont attribués à la population des Camunni mentionnée par les sources latines. La tradition des pétroglyphes ne s’arrête pas brusquement : un très petit nombre de gravures – rien de comparable avec l’activité préhistorique – a été attribué aux périodes romaine, médiévale ou même contemporaine, jusqu’au xixe siècle1,3. La plupart des incisions ont été obtenues par la technique du piquetage, complétée par quelques graffitis2.
Les figures sont parfois simplement superposées sans ordre apparent, mais apparaissent souvent en relation logique entre elles2. Leur fonction est liée à des rituels de célébration, de commémoration, initiatique et propitiatoire, qui se sont tenus lors d’occasions spéciales, uniques ou récurrentes3. L’un des symboles les plus connus dans le Valcamonica est la Rosa Camuna (rose camunienne), qui a été adoptée comme symbole officiel de la Lombardie.
Chronologie
Dans les années 1960, l’archéologue Emmanuel Anati fut l’un des premiers à étudier systématiquement l’ensemble des gravures. Il a proposé une chronologie des gravures rupestres, en se basant sur le style et les types de symboles pour identifier d’éventuelles corrélations avec le découpage traditionnel en périodes depuis la Préhistoire jusqu’au Moyen Âge4.
Mésolithique
D’après certains chercheurs les premières gravures dateraient du Mésolithique (VIIIe – VIe millénaire av. J.-C. environ), plusieurs millénaires après le retrait du glacier qui recouvrait le Val Camonica (glaciation de Würm)5. Elles auraient été l’œuvre de chasseurs nomades de passage qui suivaient les migrations animales. Ces gravures seraient présentes dans la ville de Darfo Boario Terme, dans le Parco comunale delle incisioni rupestri di Luine. Il va sans dire que ces attributions chrono-culturelles sont loin de faire l’unanimité parmi les scientifiques et manquent incontestablement d’éléments sûrs pour être acceptées sans réserves.
Néolithique
Avec le Néolithique (Ve – IVe millénaire av. J.-C. environ) apparaissent les pratiques agricoles et les premiers établissements sédentaires dans le Val Camonica. Dans le domaine de l’art rupestre, les représentations, dont certains pensent qu’elles remontent au Néolithique, sont des figures humaines et des ensembles d’éléments géométriques (rectangles, cercles, points). Toutefois, là aussi, les arguments véritablement scientifiques manquent cruellement. En effet, il faut, pour pouvoir attribuer un âge à une gravure rupestre, soit la trouver en situation stratigraphique permettant une datation par le carbone 14, soit trouver dans ses représentations des marqueurs tels que des armes et des outils (ou même certains animaux domestiques comme le cheval par exemple) dont on sait qu’ils n’apparaissent pas avant une certaine date. Avant l’émergence de la métallurgie, l’archéologue dispose de bien peu d’éléments pour juger (les outils en pierre étant peu variés et possédant des formes extrêmement stables durant tout le Néolithique) ; quant au cheval il n’est pas attesté avant l’âge du Fer.
Âge du cuivre
Au cours de l’âge du cuivre (ou Chalcolithique, IIIe millénaire av. J.-C. environ) apparaissent la roue, le chariot et les premières formes de la métallurgie. Nous assistons à la création de statues-menhirs ornées de symboles célestes, d’animaux, d’armes, de scènes de labours, de rangs d’êtres humains et d’autres signes. Ces monuments, conservés principalement dans le Parco archeologico nazionale dei Massi di Cemmo et celui de Asinino-Anvòia (Ossimo), présentent une fonction rituelle6.
Âge du bronze
Avec l’âge du bronze (IIe millénaire av. J.-C. environ), des gravures sur affleurements rocheux reprennent le thème des armes, ce qui reflète l’importance accrue accordée aux guerriers au sein de l’ancienne société camunienne, ainsi que celui des formes géométriques (cercles et variantes) en continuité avec les époques antérieures7. Le rocher de Bedolina en est un exemple important, d’autant plus qu’il se compose d’une forme primitive de cartographie.
Âge du fer
Les gravures de l’âge du fer (Ier millénaire av. J.-C.) sont attribuées à la population des Camunni et constituent environ 70 à 80 % de toutes les œuvres recensées. Elles manifestent l’idéal héroïque de la masculinité ; dominent les représentations de duels et des figures humaines, affichant leurs armes, leurs muscles et leurs organes génitaux. Il y a aussi des cabines, des labyrinthes, des empreintes de pas, des scènes de chasse, de treillis, et des symboles divers8. Les femmes y sont représentées avec un organe sexuel surajouté, de forme circulaire lors des scènes rituelles9.
Antiquité romaine
Pendant la domination romaine du Val Camonica (ier – ve siècle apr. J.-C.), l’activité de gravure a subi une forte contraction et est entrée dans une phase de latence10,11.
Moyen Âge
Le Moyen Âge dans le Val Camonica a marqué une reprise des gravures : des symboles chrétiens (croix et clés) ont été ajoutés à des arrière-plans païens, dans une tentative de christianisation des lieux11.