Petite Ourse
Petite Ourse
Désignation | |
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Nom latin | Ursa Minor |
Génitif | Ursae Minoris |
Abréviation | UMi |
Observation | |
(Époque J2000.0) | |
Ascension droite | Entre 0° et 360° |
Déclinaison | Entre 65,40° et 90° |
Taille observable | 256 deg2 (56e) |
Visibilité | Entre 90° N et 10° S |
Méridien | 20 avril, 21h00 |
Étoiles | |
Brillantes (m≤3,0) | 2 (α, β) |
À l’œil nu | 39 |
Bayer / Flamsteed | 23 |
Proches (d≤16 al) | 0 |
La plus brillante | étoile Polaire (1,97) |
La plus proche | ? (? al) |
Objets | |
Objets de Messier | 0 |
Essaims météoritiques | Ursides |
Constellations limitrophes | Céphée Dragon Girafe |
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La Petite Ourse, ou en latin Ursa Minor et abrégé UMi, est une constellation de l’hémisphère céleste nord. Le « petit chariot » (par contraste au « grand chariot » de la Grande Ourse) est, tout comme l’autre Ourse, formé de sept étoiles principales. Elle est l’une des 48 constellations listées par l’astronome du iie siècle Ptolémée dans son Almageste, et demeure l’une des 88 constellations modernes. La Petite Ourse a traditionnellement été d’une grande importance pour la navigation, particulièrement pour les marins, parce que Polaris marque le pôle nord céleste.
Polaris, qui est par ailleurs l’étoile la plus brillante de la constellation, est une supergéante jaune-blanche et il s’agit de l’étoile variable Céphéide la plus brillante du ciel ; sa magnitude apparente varie entre 1,97 et 2,00. Beta Ursae Minoris, également connue par son nom traditionnel Kochab, est une étoile âgée qui a gonflé et s’est refroidie pour devenir une géante rouge ; avec une magnitude de 2,08, elle est à peine moins brillante que Polaris. Kochab et l’étoile de magnitude 3 Gamma Ursae Minorisont été nommées les « gardiennes de l’étoile polaire »1. Des exoplanètes ont été découvertes en orbite autour de quatre étoiles, dont Kochab. La constellation héberge également une étoile à neutronsisolée, Calvera, et H1504+65, la naine blanche la plus chaude connue à ce jour, avec une température de surface de 200 000 K environ.
Histoire et mythologie
En astronomie babylonienne, la Petite Ourse était connue comme le « Chariot du Paradis » (MULMAR.GÍD.DA.AN.NA, également associé à la déesse Damkina). Elle est listée dans le catalogue d’étoiles MUL.APIN, compilé vers 1000 av. J.-C. parmi les « étoiles d’Enlil », qui constituent le ciel boréal3.
Il semble que le nommage des constellations boréales comme les « ourses » soit issu de la tradition grecque, bien qu’Homère ne fasse référence qu’à une seule « ourse »4,5. L’« ourse » originale est la Grande Ourse, et la Petite Ourse a été admise comme la deuxième, ou comme l’« Ourse phénicienne » (Ursa Phoenicia, d’où Φοινίκη, Phoenice) seulement ultérieurement selon Strabon(I.1.6, C3), à partir d’une suggestion de Thalès. Il la proposa comme une aide à la navigation pour les Grecs, qui utilisaient alors la Grande Ourse pour ce faire. Selon Diogène Laërce, qui cite Callimaque de Cyrène, Thalès « a mesuré les étoiles du Chariot par lesquelles les Phéniciensnaviguent ». Diogène les identifie comme la constellation de la Petite Ourse, qui de par son utilisation rapportée par les Phéniciens pour la navigation en mer, est également nommée Phoinikē6,7.
Durant l’Antiquité classique, le pôle céleste était quelque peu plus proche de Beta Ursae Minorisque d’Alpha Ursae Minoris, et la constellation était donc prise tout entière comme indicateur de la direction du nord. À partir de la période médiévale, il devint plus aisé d’utiliser Alpha Ursae Minoris (ou « Polaris ») en tant qu’étoile polaire, même si elle était toujours située à quelques degrés du pôle céleste vrai8,note 1. Son nom Néolatin de stella polaris fut inventé seulement au début de la période moderne.
L’ancien nom de la constellation est Cynosura (grec Κυνοσούρα « la queue du chien »). L’origine de ce nom est obscure (la Petite Ourse en tant que « queue du chien » impliquerait qu’une autre constellation proche était « le chien », mais une telle constellation n’est pas connue)9. La « queue du chien » pourrait évoquer celle du Chien que le musée du Louvre identifie au centre du zodiaque de Denderah, comme on peut le voir sur le panneau explicatif10.
La tradition mythographique du Catasterismi (en) fait plutôt de Cynosura le nom d’une nympheoréade décrite comme une nourrice de Zeus, qui, honorée par le dieu, lui dédie une place dans le ciel11. Il existe de nombreuses propositions expliquant le nom de Cynosura. L’une le connecte à une variante du mythe de Callisto, où son fils Arcas y est remplacé par son chien qui est alors placé dans le ciel par Zeus9. D’autres ont suggéré qu’une interprétation archaïque de la Grande Ourse faisait d’elle une vache, formant un groupe avec le Bouvier en tant que berger, et avec la Petite Ourse en tant que chien12. George William Cox (en) l’explique comme une variante de Lycosura (Λυκόσουρα), compris comme la « queue du loup » mais qu’il étymologisa comme « sentier, ou chemin, de lumière » (c’est-à-dire λύκος « loup » vs. λύκ- [archive] « lumière »). Allen le relie par comparaison au nom en vieil irlandais de la constellation, drag-blod « sentier de feu ». Brown (1899) suggéra une origine-non grecque du nom (un emprunt à l’assyrien An‑nas-sur‑ra « en hauteur »)9,13.
Un mythe alternatif raconte que deux ourses ont sauvé Zeus de son père meurtrier Cronos en l’abritant au Mont Ida. Ultérieurement Zeus les plaça dans le ciel, mais leurs queues grandirent énormément lorsque le dieu les fit se balancer dans le ciel14.
Comme la Petite Ourse est formée de sept étoiles, le mot latin pour « nord » (c’est-à-dire la direction où Polaris pointe) est septentrio, issu de septem(sept) et de triones (bœufs), sur la base de sept bœufs conduisant une charrue, à qui les sept étoiles ressemblent également. Ce nom a cependant été aussi rattaché aux étoiles principales de la Grande Ourse15. L’ours se dit par ailleurs arktos en grec, d’où le nom de cercle arctique qu’on donnait au cercle des étoiles circumpolaires toujours visibles (l’astronome Geminos assignait comme limite à ce cercle, « le pied de devant de la Grande Ourse »), et le terme Arctique qui désigne la région entourant le pôle Nord de la Terre16.
En astronomie inuit, les trois étoiles les plus brillantes de la constellation — Polaris, Kochab et Pherkad — étaient appelées Nuutuittut « ne bouge jamais », quoique le terme est plus fréquemment utilisé au singulier en se référant à Polaris seule. À ces latitudes très septentrionales, l’étoile polaire est trop haute pour être utile à la navigation17.
En astronomie chinoise, les principales étoiles de la Petite Ourse étaient divisées entre deux astérismes : 勾陳 Gòuchén (Place courbe) (incluant α UMi, δ UMi, ε UMi, ζ UMi, η UMi, θ UMi et λ UMi) et 北極 Běijí (litt. Pôle Nord) (incluant β UMi et γ UMi). Ces deux astérismes incarnent le cœur du Palais pourpre, siège du pouvoir suprême18.
Caractéristiques
La Petite Ourse partage une frontière avec la Girafe à l’ouest, avec le Dragon à l’ouest, et avec Céphée à l’est. Couvrant 256 deg2, cela la classe comme la 56e des 88 constellations modernes en termes de taille.
Les trois lettres de son abréviation adoptées par l’Union astronomique internationale en 1922, sont UMi19. Les frontières officielles de la constellation, telles que délimitées par l’astronome belge Eugène Delporte en 1930note 2 dessinent un polygone de 22 segments. Dans le système de coordonnées équatoriales, les coordonnées d’ascension droite de ses frontières se trouvent entre 08h 41.4m et 22h 54.0m, et leurs coordonnées de déclinaison du pôle nord céleste à +65.40°21.
Observation des étoiles
Article détaillé : repérage des constellations.
Localisation de la Petite Ourse
La Petite Ourse se repère généralement par rapport à la Grande Ourse. Une méthode très connue permet de déterminer l’emplacement de α Ursae Minoris : en traçant une ligne de Mérak à Dubhe (les deux étoiles du bord extérieur de la casserole), et en la suivant sur cinq fois la distance entre ces deux étoiles, après avoir passé la queue du Dragon si elle est visible, on tombe sur l’étoile Polaire, qui est la seule étoile brillante de ce secteur22. Arrivé sur l’étoile Polaire par cet alignement, le « petit chariot » est à angle droit vers la gauche, dessinant un petit arc de cercle orienté vers la Grande Ourse. Une méthode alternative pour trouver Polaris consiste à partir de la constellation de Cassiopée.
Sa position tout au nord de l’hémisphère céleste nord signifie que la constellation n’est entièrement visible que pour les observateurs de l’hémisphère nord23,note 3