Ossuaire
Ossuaire
Un ossuaire est un récipient (coffre, urne, reliquaire), une construction, ou tout autre site (puits, catacombes) destiné à accueillir des ossements humains.
Histoire
Durant l’Antiquité, en Judée, il existe un rite funéraire juif de l’ossilegium, inhumation secondaire qui consiste à regrouper les os du mort. Au cours de l’inhumation primaire du cadavre dans un loculus, Kokh ou arcosolium de la chambre funéraire, le corps est laissé en décomposition pendant environ un an afin de récupérer un squelette nu. Lors de l’inhumation secondaire, la famille du défunt regroupe ses os qui sont jetés en vrac dans des fosses collectives mais, à partir des années 20 à 15 av. J.-C., l’usage se répand en Judée de rassembler ces restes dans un ossuaire, coffret parallélépipédique (de la taille de l’os le plus grand du corps, le fémur) souvent en calcaire, parfois monté sur de petits pieds et fermé par des couvercles de formes variées (plat, bombé, à glissière, à double pente)1. Le nom du défunt et de ses apparentés peut être gravé ou entaillé sur flanc de ces coffrets dont les plus communs mesurent 50 centimètres sur 30, c’est-à-dire assez longs pour contenir les fémurs et assez larges pour les crânes2. Ces ossuaires placés le long des parois de la salle funéraire ou dans des kokhim sont parfois ornés de motifs géométriques (triangles, losanges, torsades, chapelets, zigzags, étoiles, etc.), floraux (palmiers, oliviers, rosettes) et architecturaux (colonnes, frontons, chapiteaux) et inscrits aux noms des défunts3.
Au cours du Moyen Âge, l’inhumation la plus courante étant en fosse commune (la pratique des tombes individuelles ne s’est généralisée que dans la première moitié du xviiie siècle), ces fosses pleines étaient régulièrement vidées dans les charniersqui étaient les combles de galeries souterraines qui entouraient le cimetière. Ces charniers faisaient office de pourrissoir où l’on entassait en vrac les ossements plus ou moins décharnés avant qu’ils ne soient empilés dans des ossuaires4. L’ossuaire plein, le sacristain-fossoyeur procédait au transfert des reliques dans une fosse commune, lors de secondes funérailles auxquelles la communauté entière était conviée5.
Dans les enclos paroissiaux, l’ossuaire semble avoir été une nécessité imposée par l’exiguïté du champ des morts. Il est généralement construit en face du calvaire dans l’extrémité ouest de l’enclos, comme celui réservé au reliquaire attaché à l’ouest du porche méridional6.
En Bretagne « la chapelle ossuaire, ou chapelle reliquaire, assurait la double fonction de reposoir pour ossements et de véritable chapelle vouée au culte. L’enfilade des étroites baies de façade (jusqu’à douze), établie à hauteur d’appui, permettait aux fidèles de voir les boîtes à chef alignées sur les étagères plaquées au mur extérieur »7.
Dans les cimetières d’Europe, on trouve des ossuaires sous la forme de petites chapelles, destinées à recevoir les ossements que l’on a exhumés des tombes dont la concession a expiré, lorsque la place vient à manquer pour inhumer de nouveaux défunts. Plusieurs types sont observés : mur ossuaire de cimetière ; ossuaire intégré, qui fait corps avec l’église ; ossuaire d’attache, construit souvent en appentis, accolé contre un mur de l’église ; bâtiment indépendant, d’un coût plus onéreux. Aux xviiie et xixe siècles, on construit encore des ossuaires en Bretagne, mais ils ne présentent plus aucun caractère monumental8,9.