Mine
Mine (gisement)
Une mine est un gisement exploité de matériaux (par exemple d’or, de charbon, de cuivre, de diamants, de fer, de sel, d’uranium, etc.).
Elle peut être à ciel ouvert ou souterraine. Dans les années 1980, environ 20 milliards de tonnes de matériaux étaient extraits annuellement des seules mines à ciel ouvert dans le monde dont plus de la moitié des minerais1 alors que plus de six milliards de tonnes de charbon, 1,6 milliard de tonnes de minerai de fer, 190 millions de tonnes de minerai d’aluminium sont présumés extraits du sous-solpar des galeries et puits au début du xxie siècle.
La distinction entre mine et carrière tient à la nature du matériau extrait (stratégique ou précieux pour la mine, de moindre valeur pour la carrière) ; en France, c’est le code minier qui définit cela.
Des mines existent depuis la Préhistoire (puits creusés dans la craie pour l’extraction du silex, puits ou galeries d’extraction de différents minerais (fer et cuivre notamment).
À partir du xixe siècle, les progrès techniques et de la géologie ont permis d’exploiter plus rapidement des gisements de plus en plus profonds, jusque sous la mer à partir d’une plate-forme de forage, non sans impacts environnementaux, sociaux et sanitaires directs ou indirects. L’extraction minière est responsable d’un grand nombre de morts, dans les galeries, ou à la suite de la silicose, l’asbestose ou à des cancers dus à la radioactivité. Les déchets, poussières des « stériles minières » sont parfois à l’origine de pollutions graves différées dans l’espace ou le temps (à partir des métaux lourds notamment). Certaines mines ont engendré un phénomène d’acidification du milieu, auto-entretenu (ce phénomène est dit « drainage minier acide »). Des mines abandonnées sont aussi à l’origine d’effondrement du sol superficiel. Des séismes induits peuvent être produits par les grandes mines.
En France, il y a eu de très nombreuses mines dans presque toutes les régions. Les gisements de charbon se trouvent dans le Nord-Pas-de-Calais (plus grand réseau de galeries souterraines au monde), en Lorraine (où l’on trouvait également des gisements importants de minerai de fer), dans le Massif central, en Provence, dans le Sud-Ouest (exemple : Carmaux) mais aussi autour de Saint-Étienne. La Russie possède aussi de nombreux gisements de charbon (exemples : Donbass et Sibérie). Le Royaume-Uni possède quant à lui d’importants gisements de charbon au nord (Lowlands en Écosse), au Pays de Galles, autour de Manchester, dans le centre (Midlands) et dans le Yorkshire.
HistoirePréhistoire
L’exploitation du sous-sol date au moins de la fin du néolithique en Europe2. Les hommes creusaient déjà dans la roche des puits et des galeries parfois de plusieurs dizaines de mètres pour la recherche de minéraux variés (silex, ocre, variscite, etc.).
La plupart des plus anciennes mines destinées à la métallurgie datent de la Protohistoire, mais certaines ont commencé à se développer dès le Néolithique, au moyen d’outils rustiques mais efficaces tels que des galets de roche dure utilisés comme broyeurs3.
Comme en témoignent certains restes préhistoriques de charbon de bois retrouvés dans d’anciennes petites mines de par le monde, l’homme préhistorique a précocement appris à aussi utiliser le feu et peut-être le feu et l’eau pour disloquer la roche et « ouvrir » des mines4 (technique confirmée par l’expérimentation et l’archéométrie) ; et même le feu a-t-il été utilisé pour « l’abattage » dans les galeries, notamment dans le sud de la France4).
Les archéologues ont ainsi retrouvé dans les années 1980 des traces de ces techniques minières préhistoriques5, plus d’une dizaine de mines de cuivre (avec un peu d’antimoine et d’argent6). Ces mines ont été creusées dans la région de Cabrières dans l’Hérault il y a plusieurs milliers d’années (4310 ± 75 BP7), à la fin du Néolithique, et étaient considérées à l’époque de leur découverte comme le plus vieux site minier de France8,9.
Antiquité
Les premières constructions en pierre ont été une origine probable aux premières (carrières, et l’agriculture aux marnières). Il fallait creuser le sol pour extraire de la pierre ayant une qualité suffisante pour bâtir et certaines pierres se taillent plus facilement aussitôt extraites, avant qu’elles ne durcissent[réf. souhaitée].
En creusant en profondeur, on atteignait une couche de roche non dégradée par la microfaune et flore du sol, ou les racines d’arbres (une « veine »), puis on creusait horizontalement pour extraire la roche de cette couche (la couche suivant les plis géologiques). Ces puits et couloirs pouvaient ensuite servir à se protéger des agressions[réf. souhaitée].
On trouve la trace dès la très haute antiquité de l’exploitation des mines d’argent du Laurion, à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Athènes. À l’époque classique, les Athéniens déployèrent une énergie et une inventivité spectaculaires pour en tirer le maximum de minerai. Au xxie siècle, de nombreux vestiges de ces mines (puits, galeries, ateliers de surface) marquent le paysage de la région.
À l’époque romaine de nombreuses et importantes exploitations minières se développent dans certaines régions comme l’Hispanie ainsi que dans les Balkans en Dalmatie et en Mésie et plus tard en Dacie. L’exploitation minière romaine est connue par les textes des auteurs anciens comme Strabon ou Pline l’Ancien, ainsi que par des inscriptions, comme les tables de bronze de Vipasca, règlement d’un district minier situé près de l’actuelle ville d’Aljustrel au Portugal ou encore comme les inscriptions figurant sur les lingots de métal. Les fouilles archéologiques ont aussi révélé différentes techniques d’extraction et le matériel utilisés par les mineurs. Ceux-ci appartenaient à des catégories de population variées : si sous la République la main d’œuvre servile semble avoir dominé, sous l’Empire l’importance des travailleurs salariés locaux semble s’être considérablement accrue. Bien des sites miniers romains sont cependant encore mal connus10.
Époque médiévale
Le Moyen Âge a vu l’exploitation de mines dans presque tous les pays d’Europe, que ce soit des mines de fer ou de non ferreux. Très abondant à la surface de la planète, le minerai de fer est disponible dans de petits gisements à la surface du sol ou à faible profondeur. Les hommes du Moyen Âge ont surtout exploité les gîtes de ce type qui n’exigeaient pas d’équipements sophistiqués. La diffusion du procédé indirect de réduction du minerai, apparu au xve, a considérablement transformé les conditions d’extraction. La demande de plus en plus importante, la possibilité de traiter des minerais moins fusibles, ont conduit à rechercher des gisements plus abondants même si leur qualité était moindre.
Dans la majorité des cas, les métaux non-ferreux provenaient de mines ouvertes pour produire de l’argent presque à partir de minerais complexes tels que des sulfures de cuivre et de plomb. Pendant longtemps, le plomb argentifère, plus facile à traiter, a fait l’objet de l’extraction la plus intensive. À l’époque carolingienne, les mines de Melle, en Poitou, fournissent la part la plus importante de l’argent produit dans l’Empire. Au xie siècle, d’autres centres d’extraction apparaissent dans le Harz, en Forêt-Noire et dans les Vosges.
Le xiie siècle, temps de croissance des échanges et d’instauration de pouvoirs nouveaux, connaît une intense activité minière en Italie, en Europe centrale et en France.
Au cours du xiiie siècle, l’Italie continue d’être un producteur important. Cependant, l’Europe centrale, en particulier la Bohême, prend la première place. Les mines françaises connaissent aussi un grand développement : le premier règlement minier français conservé, la charte d’Hierle en Languedoc, date de 1272. Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, s’attache à développer la production minière dans ses domaines du Midi11.
La seconde moitié du xve voit un nouvel essor de la production dans laquelle s’impliquent les plus grandes fortunes. C’est le cas de Jacques Cœur ou encore de Jacob Fugger. Dans le même temps se met en place un nouveau système d’exploitation fondé sur le transport par roulage et par l’usage de plus en plus important de l’énergie hydraulique.
Bibliographie
- Claude Domergue, Les mines antiques. La production des métaux aux époques grecque et romaine (coll. « Antiqua »), Paris, Picard, 2008, 240 p., 160 ill. (ISBN 978-2-7084-0800-5)
- Alfred Évrard, Traité pratique de l’exploitation des mines : Leçons professées à l’Institut industriel du Nord de la France par M. Alfred Alfred, directeur de la Compagnie Houillère de Ferfay et de Ames, t. 1 & 2, Mons et Paris, Mons : E. Dacquin, 1879-1888 ; Paris : Baudry, 1890. 2e éd., coll. « Institut industriel du Nord », (réimpr. 1879,1888,1890) (1re éd. 1878), 2 vol. in-8° , fig p. (notice BnF no FRBNF30411406, lire en ligne [archive])
- François-Hubert Forestier, Apports récents de la géologie, de l’archéologie et de la microtoponymie à la localisation d’activités « industrielles » anciennes sur le plateau de Craponne-sur-Arzon. Fonderies et exploitations minières à l’époque gallo-romaine : in Cahiers de la Haute-Loire 1985, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire,
- Claude Gauvard (dir.), Alain de Libera, Michel Zink, Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, Quadrige/PUF, 2002, p. 923.
- Judith Rainhorn, Santé et travail à la mine, XIXe-XXIe siècles, Villeneuve d’Ascq, Presses.