Menhir
Un menhir est une pierre dressée, plantée verticalement. Il constitue l’une des formes caractéristiques du mégalithisme.
Les menhirs se rencontrent de façon générale un peu partout en Afrique, Asie et Europe, mais c’est en Europe de l’Ouest qu’ils sont le plus répandus. Dans cette région, ils ont été érigés au Néolithique.
Pour certains chercheurs, il existe au Néolithique à côté de ces mégalithes, leurs équivalents en bois appelés, faute de terme créé pour les désigner, menhirs en bois1.
Étymologie
Le terme « menhir » est construit à partir du breton maen, « pierre », et hir, « longue ». Il semble que ce soit Théophile-Malo de La Tour d’Auvergne-Corret qui, le premier, officialise le terme « menhir », dans son ouvrage Origines gauloises. Celles des plus anciens peuples de l’Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l’origine et les antiquités des Celto-bretons de l’Armorique, pour servir à l’histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796. Cette appellation « menhir » est vite relayée par l’historien Pierre Jean-Baptiste Legrand d’Aussy (1737-1800). Le 7 ventôse de l’an VII (), Legrand d’Aussy fait, à l’Institut, une lecture de son ouvrage, Des Sépultures nationales, publié par la suite en 1824, dont voici un extrait (en respectant la graphie des termes) :
« On m’a dit qu’en bas-breton ces obélisques bruts s’appellent ar-men-ir. J’adopte d’autant plus volontiers cette expression, qu’avec l’avantage de m’épargner des périphrases, elle m’offre encore celui d’appartenir à la France, et de présenter à l’esprit un sens précis et un mot dont la prononciation n’est pas trop désagréable. La nécessité où s’est vue la nation bretonne d’imaginer une expression pour désigner cette sorte de monument, semble annoncer qu’elle en avait chez elle une très grande quantité. […]
Ar-men-ir, littéralement la pierre longue. Ar, dans la langue bretonne, de même qu’al dans la langue arabe, est l’article défini qui répond à notre le, la; le transporter dans notre langue en y joignant le nôtre, serait une faute, parce que ce serait employer deux articles au lieu d’un. Je dirai donc menir, et non l’almenir; de même qu’on dit le Koran, et non l’alkoran. »
Legrand d’Aussy a ainsi créé un mot de toutes pièces signifiant « pierrelongue »2 car le mot breton utilisé pour désigner ce type de monument est peulvan (littéralement, « pieu de pierre »). Dans les autres régions de France, avant la généralisation du terme « menhir », on utilise des locutions comme « pierre fichée », « pierre plantée », « pierre levée », « pierre longue », « pierre fiette », « pierre latte », etc.3 ou leurs équivalents en langue régionale, lesquels ont été conservés par la toponymie (« Pierrefiche », « Pierrefitte », etc.).
En gallois, les pierres dressées de la sorte sont décrites comme maen hir, « pierre longue ».
Histoire
Europe
En Europe, les menhirs constituent l’une des formes caractéristiques du mégalithisme au Néolithique jusqu’à la fin du Chalcolithique. Jusqu’à récemment, les menhirs sont associés à la culture campaniforme qui occupait l’Europe à la fin du Néolithique et au début de l’âge du bronze, entre 4 500 et 2 500 ans avant notre ère. Certains travaux récents sur les mégalithes de Bretagne suggèrent une origine plus ancienne, jusqu’à 6 000 ou 7 000 ans avant notre ère4.
La culture populaire a souvent associé les menhirs aux Celtes, ce qui est inexact puisque les menhirs existaient depuis plusieurs milliers d’années avant l’arrivée des Celtes en Europe[réf. nécessaire]. Certaines pierres plantées à la protohistoire sont plus des stèles que des menhirs mégalithiques. En France, c’est le cas notamment du menhir d’Ensérune dans l’Hérault.
La fonction des menhirs n’est pas non plus connue. Au cours des siècles, il a été suggéré qu’ils avaient pu être utilisés par les druides pour des sacrifices humains, avoir servi de bornes territoriales ou comme éléments d’un système idéologique complexe, ou encore comme calendriers primitifs5. Jusqu’au xixe siècle, les archéologues ne possèdent pas une connaissance suffisante de la préhistoire et leurs seules références sont fournies par la littérature classique. Le développement de la datation par le carbone 14 et de la dendrochronologie ont fortement avancé les connaissances dans ce sujet.
Au Moyen Âge, les menhirs sont supposés avoir été bâtis par les Géants ayant habité sur terre avant le Déluge. De nombreux mégalithes sont christianisés par les chrétiens, notamment en sculptant le sommet en forme de croix ou des symboles sur leur surface. Dès le vie siècle selon la Vitaprima sancti Samsonis, saint Samson aurait gravé une croix sur un menhir autour duquel les Bretons d’outre- Manche s’adonnaient « par jeu » à des rites ancestraux (notamment la pratique des jeunes femmes désireuses de se marier de danser autour des pierres, de se frotter contre les blocs ou de s’asseoir dessus, leur symbole phallique étant associé à la fertilité)6. C’est principalement le xviiie, le xixe avec l’invention de la dynamite et les remembrements du xxe siècle qui sont responsables des trois-quart des destructions7.
On estime que sur les 50 000 mégalithes ayant été érigés en Europe de l’Ouest et du Nord, environ 10 000 subsistent à notre époque8.
Description
Généralités
De façon générale, les menhirs sont des pierres dressées verticalement. Le matériau employé dépend de la région (granite, porphyre, etc.). Leur taille varie fortement, de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres de hauteur. La pierre peut être taillée (en forme de colonne, d’amande, de dalle anthropomorphe, etc.) ou avoir été plantée telle quelle, plus ou moins brute. Leur forme générale est toutefois généralement irrégulière et varie selon la nature du matériau : le granite et le grès peuvent aisément être régularisés par bouchardage, le quartz ou le schiste ne se prêtent pas à la taille, schiste et calcaire se débitent facilement en dalle.
Des menhirs aujourd’hui disparus peuvent être décelés par leur trou de calage (appelé aussi fosse ou cuvette de calage qui permet de les enfoncer dans le sol d’un dixième ou vingtième de leur longueur en moyenne et de les caler avec des pierrailles coincées en force)9. Lors des opérations de fouille, les archéologues peuvent y découvrir des charbons de bois (lesquels rendent possible la datation au carbone 14) et des mobiliers lithique(éclats de silex taillés, pointes de flèche, haches polies, meule à broyer…) ou céramique (tessons de poterie grossière) qui attestent que l’érection des mégalithes était accompagnée de rites spécifiques10.
Décorations et sculptures[
Les menhirs sont parfois gravés de formes abstraites (lignes, spirales, etc.) ou d’images d’objets comme des haches de pierre, des houlettes de bergers ou des jougs. À l’exception de la hache de pierre, aucun de ces motifs n’est certain et les noms employés pour les décrire le sont par pure commodité. Certains menhirs sont brisés et incorporés dans des tombes à couloir ultérieures où de nouveaux motifs ont été gravés sans considération pour les images antérieures. On ignore si cette réutilisation est délibérée ou simplement un usage pratique d’une source de pierre déjà existante. Certains menhirs sont peints (Espagne).
Certains menhirs, érigées entre le Néolithique final et l’âge du bronze, sont gravés et taillés de façon anthropomorphe. Ces statues-menhirs sont gravés (parfois sur les deux faces) d’attributs en bas-relief (parfois sculptés en ronde-bosse) comme le visage, les seins, les bras avec les mains, les jambes et les pieds, mais aussi les parures (colliers, pendeloque, crosse, objet mystérieux), des armes, le baudrier, la ceinture, les plis des vêtements, les cheveux en tresse, etc.
Au Moyen Âge, certains menhirs sont christianisés par l’adjonction de croix et de gravures religieuses.
Alignements[modifier | modifier le code]
Les menhirs peuvent être implantés de façon isolée ou en alignement, dont le nombre varie énormément (de seulement trois menhirs à plusieurs centaines, sur plusieurs rangées).
Plus rarement, plusieurs menhirs peuvent être disposés en cercle ; on parle alors de « cercle de pierres » ou de cromlec’h.
Répartition
Répartition générale
Les menhirs sont présents un peu partout dans le monde, tout particulièrement en Afrique, Asie et Europe, mais sont les plus nombreux en Europe de l’Ouest.
On les retrouve à travers toute l’Europe, de la zone méridionale (Portugal, Espagne, Corse, etc.) au pourtour de l’océan Atlantique (France, Irlande, Grande-Bretagne), et de l’Europe centrale (Suisse, Autriche, Allemagne) à la Scandinavie (Danemark et Suède). La région a compté jusqu’à 50 000 mégalithes11, tandis que le seul nord-ouest de la France en compte 1 20012. Ils trouvent leur origine à différentes périodes de la Préhistoire et sont érigés comme éléments d’une culture mégalithique plus grande qui s’est développée en Europe et au-delà.
Sous des formes plus récentes, les menhirs se rencontrent également en Afrique (Sénégal), en Asie (Inde, Indonésie, Corée) et même en Amérique du Sud.