Magdalénien
Magdalénien
Lieu éponyme | Abri de la Madeleine (Dordogne) |
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Auteur | Gabriel de Mortillet |
Répartition géographique | Europe occidentale et centrale |
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Période | Paléolithique supérieur |
Chronologie | Environ 17 000 à 12 000 avant le présent |
Type humain associé | Homo sapiens (Homme anatomiquement moderne) |
Tendance climatique | Fin du Pléniglaciaire récent et Tardiglaciaire : froid et sec puis alternance rapide d’épisodes froids et d’épisodes tempérés |
Signe particulier | Art pariétal développé Chasse hyperspécialisée Signes d’échange |
Subdivisions
Magdalénien inférieur (I à III), Magdalénien supérieur (IV à VI)
Objets typiques
Propulseur, harpon, lamelle à dos, burin bec-de-perroquet
Le Magdalénien est la dernière phase du Paléolithique supérieur européen, comprise entre environ 17 000 et 12 000 ans avant le présent. Ce terme a été proposé par le préhistorien français Gabriel de Mortillet d’après le nom du site préhistorique de la Madeleine à Tursac en Dordogne.
Répartition
Le Magdalénien est connu en Europe occidentale, sur les territoires actuels de l’Espagne, du Portugal, de la France, de la Belgique, de la Suisse, de l’Allemagne, de la République tchèque et de la Pologne1.
Climat
Le Magdalénien se développe pendant le Tardiglaciaire, ultime subdivision de la glaciation de Würm (le Tardiglaciaire commence vers 18 000 ans AP et se termine avec la fin de la dernière oscillation froide appelée Dryas récent, vers 11 700 ans AP, soit vers 9 700 ans av. J.-C.). Cette période correspond à peu près au paléoclimat du Dryas, ce dernier daté approximativement de 16 500 à 11 700 ans AP et incluant trois oscillations climatiques.
Le Magdalénien commence avec le début de l’interstade de Lascaux2, avant-dernier interstade de la glaciation de Würm daté à Lascaux de 16 950 à 16 000 ans AP3 et qui dure seulement environ 950 ans. Suit une période froide, qui se termine avec l’interstade de Bölling–Alleröd – un réchauffement climatique relatif entre 14 600 et 12 900 ans AP4 et qui précède l’Holocène, notre période actuelle.
Génétique
Une étude de 2016 montre deux changements majeurs dans les populations européennes : lors du recul des glaciers vers -19 000 ans, l’Europe du Nord est repeuplée par des chasseurs-cueilleurs du sud-ouest de l’Europe, provenant notamment d’Espagne5. Vers -14 500, au cours de la dernière période glaciaire, une nouvelle migration a lieu « qui semble venir de l’est, et non de l’ouest »5 et qui se caractérise notamment par la disparition parmi les populations de chasseurs-cueilleurs de l’haplogroupe mitochondrial M6.
La signature génétique des Aurignaciens qui avait disparu d’une grande partie de l’Europe lorsque les Gravettiens sont arrivés refait surface 15 000 ans plus tard avec la « Dame rouge » de la grotte El Mirón (en) près de Ramales de la Victoria au nord de l’Espagne7. Cette grande femme robuste est rattachée au Magdalénien qui a connu une expansion vers le nord quand les calottes glaciaires ont fondu7.
Industrie
L’outillage lithique magdalénien comporte un grand nombre de burins, grattoirs, perçoirs, lames et lamelles. Les propulseurs et les harpons montrent que le travail de l’os y est développé. La vie des Magdaléniens a été rapprochée de la civilisation des Inuit.
En 1912, en se basant sur l’évolution typologique de l’outillage, Henri Breuil a proposé de subdiviser le Magdalénien en deux parties comportant trois phases chacune :
- Magdalénien inférieur : Magdalénien I à III ;
- Magdalénien supérieur : Magdalénien IV à VI.
Des recherches plus récentes, conduites notamment par B. Bosselin et F. Djindjian sur l’outillage lithique en utilisant des méthodes statistiques multidimensionnelles, tendent à séparer une phase archaïque, nommée Badegoulien et correspondant aux phases I et II de Henri Breuil, du Magdalénien stricto sensu.
Les auteurs reconnaissent par ailleurs trois faciès lithiques dans le Magdalénien :
- un faciès ancien (M0) caractérisé par des grattoirs, des burins, des pointes à cran, des lamelles à dos et des lamelles à dos tronquées (ex-triangles) ;
- un faciès moyen et récent (M1) à grattoirs et burins prépondérants, pointes à cran et rares lamelles à dos ;
- un faciès présent dans les phases ancienne, moyenne et récente (M2), caractérisé par l’abondance des lamelles à dos.
Encore plus récemment, le Magdalénien (17000-12000 BP d’après les datations C14 non calibrées) se subdivise en trois phases : Magdalénien inférieur (17000-15000 BP), Magdalénien moyen (15000-13500 BP) et Magdalénien supérieur (13500-12000 BP). Plusieurs préhistoriens le distinguent du Badegoulien (19000-17000 BP) d’après des critères typologiques, technologiques, économiques.
Le Dr Jacques Allain a défini le Magdalénien à navettes et en a fait l’analyse technologique, typologique et culturelle, à partir de ses fouilles dans la vallée de la Creuse des grottes de La Garenne (surtout Blanchard) à Saint-Marcel avec son ami J. Descouts, de 1946 à 19768.
L’art magdalénien
L’art magdalénien est particulièrement riche et diversifié. Les peintures et les gravures se comptent par milliers et se caractérisent par un fort naturalisme avec un sens aigu du détail et des proportions. Elles étaient rapportées anciennement au « style IV » d’André Leroi-Gourhan. Les grottes ornées de Rouffignac, de Niaux, du Roc-aux-Sorciers ou d’Altamira ont livré quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’art pariétal paléolithique. L’art de Lascaux est rapporté au Magdalénien II. Une analyse C14 pour Lascaux, sur des déblais du Puits et par une méthode différente, tendrait à vieillir les datations précédentes (17 000 BP), avec un âge situé à 18 900 BP, à la charnière du Solutréen supérieur et du Badegoulien9. Cependant, pour les préhistoriens, il n’y a aucun objet solutréen dans l’unique couche archéologique, mais seulement de nombreux objets caractéristiques du Magdalénien II qui confirment les datations obtenues. De l’art magdalénien aurait également été découvert aux Riaux.
L’art mobilier magdalénien est également remarquable : les armes et les objets de la vie quotidienne sont souvent décorés de motifs géométriques ou de représentations figuratives (animaux, humains) et le nombre de plaquettes gravées s’amplifie considérablement à cette période10. La découverte d’instruments de musique, comme les flûtes d’Isturitz et la conque de Marsoulas, laisse entrevoir une société organisée dont les représentants avaient le temps de s’adonner à l’art.