Labyrinthe
Labyrinthe
Un labyrinthe (λαϐύρινθος ou λαβύρινθος / labúrinthos en grec ancien, labyrinthusen latin) est un tracé sinueux, muni ou non d’embranchements, d’impasses et de fausses pistes, destiné à perdre ou à ralentir celui qui cherche à s’y déplacer.
Ce motif, apparu dès la préhistoire, se retrouve dans de très nombreuses civilisations sous des formes diverses.
Le mot désigne dans la mythologie grecque une série complexe de galeries construites par Dédale pour enfermer le Minotaure. En latin, labyrinthus signifie « enclos de bâtiments dont il est difficile de trouver l’issue »1.
Étymologie
L’origine du mot est vraisemblablement préhellénique2 mais indo-européenne, s’expliquant comme[pas clair] le « tout-en-pierres »3. On a tenté autrefois divers rapprochements étymologiques, par exemple avec le terme grec labrys, nom de la hache crétoise à double tranchant, avec laquelle aurait été creusé le labyrinthe4,5. La forme la plus ancienne connue est da-pu2-ri-to- en mycénien de Cnossos (le signe pu2 note ordinairement phu), avec d à l’initiale et non l 6.
Les différents types de labyrinthes
L’auteur italien Umberto Eco, dont on connaît la passion pour la sémiotique et les intrigues labyrinthiques — le labyrinthe du roman Le Nom de la rose est un labyrinthe maniériste et celui où vit Guillaume est suggéré comme étant un rhizome ; les labyrinthes suggérés dans le roman ne sont toutefois pas spatiaux, mais mentaux — définit trois types de labyrinthe :
- Le labyrinthe de la mythologie grecque est un labyrinthe « unicursal », dont le parcours, de l’entrée au centre, ne compte pas d’impasse. « Si le labyrinthe classique était déroulé, on obtiendrait un fil unique : la légende du fil d’Ariane est curieuse, comme s’il fallait un fil pour s’orienter dans le labyrinthe classique7. »
- Le labyrinthe « maniériste » déroulé, quant à lui, se présenterait comme un arbre, « un arbre binaire, du type de celui qu’utilisent les grammairiens et les informaticiens ». Il présente un grand nombre de voies mais toutes, exceptée une, mènent à des cul-de-sac. C’est un processus d’interrogation, de tentative et d’erreur, mais qui possède une rationalité immanente qui est la rationalité binaire et qui peut être décrite en termes d’algèbre de Boole. Une variable booléenne ne peut être que vraie ou fausse. De manière générale lorsqu’il y a N inconnues binaires, il existe 2Nhypothèses complètes possibles7.
- Le labyrinthe en « rhizome » ou « labyrinthe hermétique », un réseau entrelacé et infini de voies dans lequel tout point est connecté à divers autres points mais où rien n’empêche l’instauration, entre deux nœuds, de nouvelles liaisons, même entre ceux qui n’étaient pas reliés avant. Chaque route peut être la bonne, pourvu qu’on veuille aller du côté où on va. Le rhizome est donc le lieu des conjectures, des paris et des hasards, des hypothèses globales qui doivent être continuellement reposées, car une structure en rhizome change sans cesse de forme7.
Sortir d’un labyrinthe
Une ruse simple pour trouver la sortie (un trou) d’un labyrinthe consiste à longer en continu soit le mur de droite, ou le mur de gauche du labyrinthe (par exemple en laissant sa main sur le mur sans jamais l’enlever).
Cette technique ne permet cependant pas d’accéder, par exemple, au centre d’un labyrinthe dit « à îlots » (ou encore de sortir d’un tel labyrinthe lorsque l’on atterrit en son centre) : en effet, dans de tels labyrinthes, le centre n’est pas rattaché au reste du labyrinthe, et on tourne donc en rond lorsque l’on longe les murs.
Labyrinthes anciens
Préhistoire
La plus ancienne représentation d’un labyrinthe a été trouvée dans une tombe sibérienne datant du paléolithique : il s’agit d’un dédale de sept circonvolutions, entouré de quatre doubles spirales, le tout gravé sur un morceau d’ivoire de mammouth8. Ces tracés sont inscrits dans des carrés ou des cercles, accompagnés de dessins d’ours, d’oiseaux ou de serpents.
Dans la civilisation camunienne, une civilisation à l’origine des civilisations ouest-européennes, celte et germanique 9, on retrouve exactement ce type de labyrinthe.
Sur l’île de Gavrinis, en Bretagne, il a été découvert une galerie avec de multiples embranchements. Les changements de direction sont indiqués notamment par des spirales10. Ces tracés labyrinthiques s’inscrivent toujours dans des lieux sacrés. Il s’agit d’une représentation du parcours du soleil, spécialement dans les régions circumpolaires durant les mois de ténèbre hivernale, et de sa libération11,12.
D’après Jacques Attali, le labyrinthe apparaît non seulement comme un symbole, mais aussi comme le support d’un mythe, voire un mode de communication : « un langage avant l’écriture »13.