Jurassique
Jurassique
Notation chronostratigraphique | J |
---|---|
Notation française | lj |
Notation RGF | l-j |
Stratotype initial | ![]() ![]() |
Niveau | Période / Système |
Érathème / Ère – Éonothème / Éon |
Mésozoïque Phanérozoïque |
Début | Fin |
---|---|
![]() (extinction du Trias-Jurassique) |
≃145,0 Ma |
Fossiles stratigraphiques | ammonites brachiopodes (régionalement) |
---|
Paléogéographie et climat
Taux de O2atmosphérique | env. 26 %vol1 (130 % de l’actuel) |
---|---|
Taux de CO2atmosphérique | env. 1 950 ppm2 (7 fois le niveau d’avant la révolution industrielle) |
Température moyenne | 16,5 °C3 (+3 °C par rapport à l’actuel) |
- Plus ancienne croûte océanique existante
- 170 Ma: ouverture de l’Atlantique Nord
- Ouverture de l’océan Alpin
Faune et flore
Le Jurassique est une période géologique qui s’étend de −201,3 à −145 millions d’années (Ma)4.
Le Jurassique constitue la période ou le système intermédiaire de l’ère Mésozoïque laquelle est aussi connue sous le nom d’« ère des reptiles ». Le début du Jurassique est marqué par une extinction massive d’espèces (l’extinction du Trias-Jurassique). Le système jurassique se subdivise en trois séries géologiques : Jurassique inférieur, Jurassique moyen et Jurassique supérieur5 autrefois dénommées, respectivement : Lias, Dogger et Malm.
La base du premier étage géologique du Jurassique, l’Hettangien est officiellement définie par un Point Stratotypique Mondial (PSM) qui marque ainsi la base du système jurassique. Par contre, le PSM de la base du premier étage du Crétacé, le Berriasien, qui marquerait le toit du Jurassique, n’a pas encore été choisi5.
Le Jurassique a été nommé ainsi en 1829 par le géologue et naturaliste français Alexandre Brongniart d’après les calcaires trouvés dans le Jura6. Cette période de l’ère Mésozoïque suit le Trias et précède le Crétacé.
Subdivisions
Le Jurassique est divisé en trois séries, le Jurassique inférieur ou Lias, le Jurassique moyen ou Dogger et le Jurassique supérieur ou Malm. Les subdivisions et leur âges associés, selon l’échelle des temps géologiques 2012 de la Commission internationale de stratigraphie, s’établissent ainsi5,7 :
Système | Série | Étage | Age (Ma) |
---|---|---|---|
Crétacé | Inférieur | Berriasien | plus récent |
Jurassique | Supérieur | Tithonien | 145,0 ±0,8 – 152,1 ±0,9 |
Kimméridgien | 152,1 ±0,9 – 157,3 ±1,0 | ||
Oxfordien | 157,3 ±1,0 – 163,5 ±1,0 | ||
Moyen | Callovien | 163,5 ±1,0 – 166,1 ±1,2 | |
Bathonien | 166,1 ±1,2 – 168,3 ±1,3 | ||
Bajocien | 168,3 ±1,3 – 170,3 ±1,4 | ||
Aalénien | 170,3 ±1,4 – 174,1 ±1,0 | ||
Inférieur | Toarcien | 174,1 ±1,0 – 182,7 ±0,7 | |
Pliensbachien | 182,7 ±0,7 – 190,8 ±1,0 | ||
Sinémurien | 190,8 ±1,0 – 199,3 ±0,3 | ||
Hettangien | 199,3 ±0,3 – 201,3 ±0,2 | ||
Trias | Supérieur | Rhétien | plus ancien |
Paléogéographie
Pendant le Jurassique inférieur et moyen, le supercontinent Pangée se divise en Laurasia au nord et Gondwana au sud. La Laurasia se scinde à son tour en Amérique du Nord et Eurasie tandis que le Gondwana se divise en Afrique, Amérique du Sud et Antarctique vers la fin du Jurassique supérieur et durant le Crétacé. L’océan Atlantique Nord date de cette période, sa partie sud n’apparaît qu’à partir du Crétacé8. L’océan Téthys se ferme et le bassin de la Néotéthys ou Téthys alpine apparaît.
Les enregistrements géologiques en Europe de l’Ouest sont nombreux et riches, ils indiquent la présence de mers tropicales peu profondes, la plus grande partie du continent est submergée durant de longues périodes. En revanche, les sites datant du Jurassique en Amérique du Nord sont parmi les plus pauvres du Mésozoïque sur ce continent avec très peu d’affleurements. Bien qu’une mer épicontinentale, la Sundance Sea (en) ait laissé des dépôts marins en Amérique du Nord, la majorité des sédiments dans cette région sont d’origine continentale9. On trouve aussi des affleurements du Jurassique en Russie, Inde, Amérique du Sud, Japon, Australasie, Maghreb, péninsule Arabique, etc.
Le premier de plusieurs batholites massifs se met en place le long de la côte Ouest de l’Amérique du Nord, l’orogenèse est très active le long de cette côte10.
Climat
À l’instar du Trias, il ne semble pas y avoir eu de terre proche des pôles ; le climat était chaud : il n’existe aucun indice de période glaciaire pendant cette période.
Le climat du Jurassique était généralement plus chaud que celui d’aujourd’hui, d’environ 5 °C à 10 °C, avec un dioxyde de carbone atmosphérique probablement quatre fois plus élevé. Les forêts ont probablement poussé près des pôles, où elles ont connu des étés chauds et des hivers froids, parfois neigeux; il est peu probable qu’il y ait eu des calottes glaciaires étant donné les températures estivales élevées qui ont empêché l’accumulation de neige, bien qu’il ait pu y avoir des glaciers de montagne11. Les dropstones et les glendonites dans le nord-est de la Sibérie depuis le Jurassique inférieur au Jurassique moyen indiquent des hivers froids12. Les profondeurs de l’océan étaient probablement 8°C plus chaudes qu’aujourd’hui, et les récifs coralliens ont augmenté de 10° de latitude plus au nord et au sud. La zone de convergence intertropicale (ZCIT) existait probablement au-dessus des océans, résultant en de vastes zones désertiques dans les basses latitudes11.
Le début du Jurassique a probablement été marqué par un pic thermique correspondant à l’extinction et à l’éruption du Trias-Jurassique de la province magmatique centre atlantique. La première partie du Jurassique a été marquée par l’intervalle froid du Jurassique inférieur entre 199 et 183 millions d’années. Il a été terminé par le pic des températures mondiales d’environ 4 à 8°C pendant la première partie du Toarcien correspondant à l’événement anoxique océanique du Toarcien et l’éruption des grandes provinces ignées du Karoo-Ferrar dans le sud du Gondwana, avec l’intervalle chaud du Toarcien s’étendant jusqu’à la fin de la période il y a environ 174 millions d’années12.
Faune
Marine
Durant le Jurassique les formes de vie les plus évoluées dans les mers sont les poissons et des reptiles marins. Ces derniers incluent des ichtyosaures, plésiosaures, des pliosaures et des crocodiles marins, Teleosauridae et Metriorhynchidae.
Dans le monde des invertébrés plusieurs groupes apparaissent, entre autres les rudistes, les bélemnites et de nombreuses espèces de bivalves.
Les ammonites (au sens large, c’est-à-dire la sous-classe des Ammonoidea) sont apparues pendant le Dévonien14. Les ammonites « vraies », c’est-à-dire l’ordre des Ammonitida, apparaissent quant à elles à la fin du Trias14. Au Jurassique, elles deviennent très communes et extrêmement variées, constituant ainsi le principal groupe utilisé pour la biostratigraphie de cette période (voir les exemples de biozonation par ammonites pour les étagesPliensbachien et Callovien)15.
Le plancton apparaît lui aussi pendant cette période.
Terrestre
Sur terre, les Archosauria restent dominants. Le Jurassique marque le début de l’« âge d’or des dinosaures » qui culminera au Crétacé16 : Sauropodes, Camarasaure, Diplodocus et Brachiosaure, pour ne citer qu’eux, sont très communs. Leurs sources principales de nourriture consistent en prairies, fougères, Cycadales et Bennettitales. Certains dinosaures se sont adaptés pour consommer des conifères plus élevés. Les principaux prédateurs de ces grands herbivores sont des saurischiens appartenant au sous-ordre des Théropodes : Ceratosaurus, Megalosaurus, Allosaurus, etc. Vers la fin du Jurassique, durant le Malm, les premiers oiseaux évoluent à partir des Coelurosauria, les premiers fossiles d’Archaeopteryxdatent du Kimméridgien17.
Les ornithischiens sont moins nombreux et plus petits que les saurischiens. Toutefois, les Stégosaures et de petits ornithopodes jouent un rôle écologique important. Dans les airs, les ptérosaures dominent et remplissent plusieurs niches écologiques occupées de nos jours par les oiseaux.
Flore
Les conditions climatiques arides du Trias déclinent régulièrement durant le Jurassique, plus spécialement aux latitudes élevées ; le climat chaud et humide permet le développement de jungles luxuriantes qui couvrent une grande partie des terres18. Les conifères continuent à dominer la flore, ils constituent le groupe le plus diversifié et la majorité des arbres. On trouve parmi eux des Araucariaceae, Cephalotaxaceae, Pinaceae, Podocarpaceae, Taxaceae et Taxodiaceae ainsi que les groupes maintenant éteints des Cheirolepidiaceae et des Bennettitales aux latitudes plus basses19. Les Cycadophytes, les Ginkgoaceae, Cyatheales et fougères sont aussi communs. Les Ginkgos sont principalement présents dans les latitudes moyennes et dans l’hémisphère nord tandis que les Podocarpaceae le sont dans l’hémisphère sud18.
Représentations dans les arts
Au début du xxe siècle, l’écrivain français Fernand Mysor consacre plusieurs écrits au Jurassique. Son roman Les Semeurs d’épouvante, paru en 1923, a pour sous-titre Roman des temps jurassiques et met en scène un aventurier et une aventurière qui se retrouvent projetés par hypnose dans le passé jusqu’au Jurassique, où ils affrontent notamment un Megalosaurus20. Mysor compose également plusieurs poèmes regroupés sous le nom de Poèmes des Temps jurassiques.
Le mot « Jurassique » a été utilisé pour le titre du roman de Michael Crichton Jurassic Park, paru en 1990, puis pour le titre du film Jurassic Park de Steven Spielberg qui adaptait librement le roman en 1993, ainsi que ses diverses suites. Le nom est cependant trompeur, car le Tyrannosaurus rex, figure de proue du film, et quelques autres espèces de dinosaures qui y sont représentées, sont des animaux ayant vécu durant le Crétacé et non au Jurassique.