Consoranni
Consoranni
Les Consoranni (terme latin parfois francisé en Consorans, essentiellement dans les ouvrages historiques du xixe siècle) sont un peuple qui vécut durant l’Antiquité dans le sud-ouest de la Gaule, au pied des Pyrénées centrales. Ils furent un des neuf peuples aquitains1 de la province de Novempopulanie. Leur capitale était l’actuelle Saint-Lizier, en Ariège. Ils ont laissé leur nom à la région historique du Couserans. Un partie des Consorani (parfois Consuarani) était intégrée à la Gaule narbonnaise2.
Hypothèses concernant l’implantation et la division du peuple des Consoranni
Les mentions les plus anciennes du peuple des Consoranni se trouvent dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, au ier siècle de notre ère. Pline distingue deux peuples : les Convenae (Consorani, parfois consuarani) qui font partie des 23 peuples de la province romaine d’Aquitaine nouvellement créée par Auguste3 ; et les Consorani (parfois Consuarani) de la Gaule narbonnaise4, depuis longtemps intégrée à l’Empire romain.
La distinction effectuée par Pline entre Consoranni d’Aquitaine et Consuarani de la Narbonnaise semble aujourd’hui acceptée5 et l’on y voit l’indice de la division d’un même peuple en deux entités, l’une à l’Ouest qui fut rattachée à la civitasdes Convènes lors de sa création à l’époque d’Auguste, l’autre à l’Est qui dépendait de la cité de Toulouse6.
Il a été supposé que le peuple des Consoranni avait été déplacé et fixé dans cette région par les Romains à la manière de leurs voisins les Convènes7, bien qu’il n’existe aucune preuve formelle à l’appui de cette hypothèse.
La civitas des Consoranni
Entre la fin du ier siècle et celle du ive, peut-être lors de la grande réforme administrative et territoriale de Dioclétien au tout début du ive siècle6, le territoire des Consoranni fut promu au statut de civitas, comme le constate la Notitia Galliarum (entre fin ive et ve siècle).
La capitale de la civitas Consorannorum (la « cité » des Consoranni) était Saint-Lizier. Le nom antique de cette ville nous est resté inconnu8. Elle était entourée d’une grande enceinte défensive délimitant une zone de 2,6 hectares, enceinte qui reste de nos jours toujours visible et en excellent état de conservation. La muraille était pourvue de six tours circulaires et peut-être d’une tour carrée6.
Le territoire s’étendait sur le bassin du Salat et la région du Séronais (vallée autour de La Bastide-de-Sérou). On ne connaît pas précisément ses limites mais on estime qu’elle couvrait approximativement la région actuelle du Couserans ou, pour être plus précis, celle du diocèse de Couserans à l’époque médiévale6.
La population
La population des Consoranni ne formait probablement pas un unique pagus mais elle était plutôt constituée de plusieurs pagi6. Les noms des habitants à l’époque antique, tels que nous les révèlent divers autels funéraires ou votifs trouvés autour de Saint-Lizier, montrent qu’à une population autochtone de langue aquitanique s’étaient mélangés des éléments des populations celtes avoisinantes.
Le peuple s’adapta aux mœurs et coutumes romaines mais conserva une forte empreinte des traditions pré-romaines. À l’époque romaine, des divinités locales continuaient à être adorées, telle la déesse Ande à Caumont ou le dieu Arsilunnus à Argein. On trouve la trace de la déesse celtique Bélisama à Saint-Lizier. Les dieux romains faisaient aussi l’objet d’un culte. Mais ils sont parfois assimilés à des dieux indigènes : Jupiter porte l’épithète d’Haloissus à Gajan et il est décrit comme « dispensateur des bonnes saisons », attribution bien peu romaine, à Lescure.
Les Consoranni furent christianisés assez précocement, au ive ou ve siècle. Grégoire de Tours attribue leur christianisation à l’évêque Valerius mais ce personnage semble plus ou moins légendaire6(son nom serait à l’origine de celui du Mont Valier). En 506, au concile d’Agde, un évêché est par contre signalé à Saint-Lizier de manière certaine : l’évêque en est Glycérius, et c’est de son nom que dérive l’étymologie de Saint-Lizier.
Bibliographie
- Raymond Lizop, Le Comminges et le Couserans avant la domination romaine : Thèse complémentaire présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris pour le doctorat ès lettres, Toulouse / Paris, .
- Raymond Lizop, Histoire de deux cités gallo-romaines : les Convenae et les Consoranni, Toulouse / Paris, Bibliothèque méridionale. 2e série, .
- Jean-Marie Escudé-Quillet, Catherine Maissant et Robert Sablayrolles (dir.), Carte archéologique de la Gaule : 09. Ariège, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, , 211 p. (ISBN 2-87754-050-2)