Art premier (anciennement primitif)
Art premier
L’art premier (expression inventée dans les années 1970 par le collectionneur et marchand d’art Jacques Kerchache1) ou art primitif est l’art des sociétés traditionnelles, sans écriture ou « primitives ». Par extension, le terme désigne communément l’art traditionnel des cultures non-occidentales. Un exemple connu de musée exposant des objets issus de telles cultures est le musée du Quai Branly, situé à Paris, en France.
L’expression « art primitif » est devenue nettement péjorative en étant associée au colonialisme, à la différence de son usage pour la peinture italienneou flamande, et son emploi dans un contexte « extra-occidental » est depuis quelques années tombé en désuétude au profit d’ « art premier ». Mais cette expression plus valorisante reste controversée dans la mesure où elle traduirait aussi une conception évolutionniste et ethnocentriste des sociétés humaines : les sociétés occidentales produiraient un « art abouti » s’opposant aux « arts premiers », qui seraient l’œuvre des peuples restés proches d’un état archaïque de l’humanité. De plus, les formes majeures d’art premier (en Afrique ou en Océanie, par exemple) se distinguent nettement de formes d’art beaucoup plus anciennes (art préhistorique ou art néolithique). Du point de vue chronologique, l’expression est donc aussi contestable.
L’art primitif désignait à l’origine l’art étranger, l’art des fous et celui des enfants2.
Si cette vision est largement remise en cause aujourd’hui, les expressions subsistent notamment dans les pays anglo-saxons. L’appellation « Musée des arts premiers », initialement envisagée, a été abandonnée pour désigner le Musée du quai Branly.
Les expressions « art sauvage », « art tribal », « art ethnographique », « art traditionnel » ou « art archaïque » sont également utilisées, sans être entièrement satisfaisantes non plus. Félix Fénéon, en 1920, avait proposé « arts lointains » (voir bibliogr.). L’expression « art ethnique » est utilisée pour souligner la relation particulière entre certaines formes d’art et leur origine ethnique. On parle alors d’art fang du Gabon, d’art dogon ou de masques baoulés pour désigner l’origine ethnique de ces traditions artistiques. Toutefois l’expression « art ethnique » est moins répandue que « musique ethnique ».
Par ailleurs, certains auteurs3 parlent de « faux primitif » ou d’« art touristique » pour souligner l’exploitation et les récupérations commerciales ou touristiques dont ces formes d’art sont parfois l’objet.
Préhistoire
Si l’on considère que l’art consiste à bâtir, à sculpter, à réaliser des motifs ornementaux, l’existence d’un art préhistorique semble indiscutable. En revanche, si l’on voit dans l’art une sorte de luxe destiné aux musées et aux expositions, il est probable que les premiers peuples n’y aient jamais songé15. Enfin, si l’on considère, plus généralement, que l’art consiste à s’adresser aux sens et aux émotions de ceux qui en sont les spectateurs, il est difficile de ne pas qualifier d’artistes les auteurs d’un certain nombre de productions préhistoriques, comme les célèbres fresques de la grotte de Lascaux.
Quelle était la fonction exacte des sculptures et des peintures réalisées par ces artistes ? Nous ne le savons pas avec certitude, même si les hypothèses de fonctions rituelles, magiques, symboliques ou d’enseignementont souvent été envisagées. Le travail de l’artiste aurait alors probablement eu comme visée première une efficacité « pratique », sans exclure pour autant une certaine recherche esthétique15.
art premier
Étymologie
Locution nominale
Singulier | Pluriel |
---|---|
art premier | arts premiers |
\aʁ pʁə.mje\ |
art premier \aʁ pʁə.mje\ masculin
- (Art) Production artistique des sociétés dites « traditionnelles », « sans écriture » ou « primitives ».
- L’art premier serait le plus ancien créé par une civilisation ou un groupe ethnique. — (Musée d’ethnographie de la ville de Genève, Bulletin annuel, 1986)
Note : À ne pas confondre avec premier art qui a un tout autre sens.