Art naturaliste (Art figuratif)
Naturalisme (Art figuratif)
voir Naturalisme.
Dans les arts figuratifs, le « naturalisme », souvent employé comme un synonyme de « réalisme », qualifie un style de représentation mimétique, descriptive de la nature (milieux et individus qu’ils abritent) alors que d’autres types de représentation de la nature en donnent une forme idéalisée, stylisée, symbolique ou autre. Ces deux termes « réalisme » et « naturalisme » s’appliquent aussi à deux mouvements en peinture au xixe siècle, ce qui peut créer une certaine confusion.
On trouve dans l’histoire des représentations, des exemples nombreux de traitement naturaliste dans le domaine des arts visuels, provenant de cultures éloignées dans le temps et dans l’espace, ou voisines. Ainsi certains procédés et codes de représentation réalistes proviennent du monde méditerranéen et du Moyen-Orient antiques. L’Extrême-Orient a eu aussi ses usages du naturalisme, tandis que l’Afrique, par exemple, a souvent développé des pratiques où la référence aux formes de la nature est secondaire et la création du style est centrale1
Naturalisme, réalisme, réel
Le naturalisme qualifie un style de représentation mimétique, descriptive de la nature. Il peut s’agir d’une représentation de l’expérience visuelle immédiate, ou le résultat d’une enquête, voire une étape dans une recherche qui tente de documenter le visible, comme les dessins anatomiques de Léonard de Vinci, même si ces représentations s’avèrent ne pas correspondre à ce qu’aujourd’hui l’œil moderne est capable de voir, car le savoir accompagne, bien sûr, le regard qui tente de comprendre ce qu’il voit.
Les termes « naturalisme » et « réalisme » sont très souvent employés comme des synonymes sous la plume des historiens de l’art2, même si certains d’entre eux, comme Daniel Arasse ou Linda Nochlin souhaitent que l’on réserve le terme « réalisme » pour désigner le mouvement artistique du xixe siècle. Le mouvement pictural du Naturalisme couvre, quant à lui, les années 1880-1920. Depuis la fin du xixe siècle, pour des objets similaires, le terme « réalisme » est bien moins employé que l’expression « rapport au réel », et on ne parle plus de « naturalisme », ni de « mimétisme ». Photographie et films documentaires poursuivent la pratique du naturalisme dans un rapport au réel qui tient autant à la nature d’empreinte de ces médiums qu’à une démarche collective, sociale et scientifique, qui trouve son fondement dans les années 1920-30, en Europe et aux États Unis. Mais à l’origine de cet engouement il faut noter que l’apparition de la photographie a été perçu comme l’aboutissement des pratiques documentaires du début du xixe siècle, dessins et études sur le motif pour artistes et pour les publications scientifiques comme pour les journaux illustrés. Un art dédié à la perception individuelle du monde relève pleinement du naturalisme3.
Un usage malheureux fait parfois confondre « naturalisme » et « figuration », plus ou moins stylisée, voire schématique ou « libre ». Selon l’encyclopédie Oxford Art Online, le naturalisme serait « un style dans lequel l’artiste essaie d’observer et d’enregistrer, sans idéalisation ou stylisation délibérée, le sujet devant lui ». Il faut préciser qu’il s’agit aussi de transcrire, voire de transposer selon certains codes ce qui est, ainsi, mis en forme au cours de l’enregistrement.
Le naturalisme en art caractérise un champ important de la peinture, des arts graphiquesN 2 et de la sculpture, occidental et non-occidental8.
L’art de la Préhistoire établit la preuve, avec la Grotte Chauvet, de la capacité et de la volonté, pour certains artistes dès l’Aurignacien, à dessiner, graver, peindre avec un détail poussé dans la figuration des animaux qui relève parfois du naturalisme, et de bien d’autres procédés de figuration, d’une inventivité remarquée par tous les spécialistes9. Le naturalisme y apparait comme, peut-être, une intention et comme un seuil, un certain degré où l’accumulation des traits caractéristiques rendent l’identification d’un animal précis sans erreur possible. Les félins, si exceptionnellement nombreux dans cette grotte, et le panneau des félins qui représente ainsi plusieurs figures de lionnes (et peut-être leur mouvement) supposent une observation fine de la faune. Les artistes qui ont réalisé la copie Chauvet2 ont toutefois remarqué « des profils anthropomorphes » chez certains félins10. Mais on trouve aussi d’autres exemples, comme une copie de coquillage réalisée en ivoire, dans la grotte de Spy, en Belgique, où la figuration est cependant bien plus stylisée que naturaliste11.
Dans les cultures non-occidentales les archéologues et les historiens d’art évoquent le « naturalisme », pour donner quelques exemples, dans l’art antique assyrien, en Irak actuel et dans l’art égyptien de l’époque amarnienne, dans l’art chinois et l’art du monde indien (miniatures mogholes des xive – xixe siècle) du portrait et de la peinture animalière, parmi bien d’autres ; tous établissent un certain degré dans le rapport à la représentation de la nature que l’on peut qualifier de « naturalisme ».
Le naturalisme dans l’antiquité se manifeste très tôt dans le palais Nord-ouest de Nimroud – règne d’Assurnasirpal II (883-859 AEC) – avec « des représentations anatomiquement correctes de figures aux corps très musclés »12 « Cet exemple rappelle que la volonté d’observation attentive de la nature doit être comprise à l’intérieur des contours culturels spécifiques de la civilisation qui l’a créée ». Tandis que dans l’art égyptien, la représentation naturaliste doit être vue comme la nécessité de reproduire l’être représenté, ce qui permettaient de le reconnaître sans erreur possible à partir de quelques détails précis et significatifs. « Car la valeur de la représentation en Égypte est quasiment magique, tout comme écrire ou verbaliser équivalait à faire venir à l’existence ce qu’on nommait ou ce qu’on représentait »13