
Modélisation 3D par photogrammétrie : le visage humain de profil qui parle(Temps de lecture estimé : 15 minutes)
Je suis heureux de vous présenter maintenant dans ce nouvel article, un cas concret de bloc à cupule s’approchant d’une représentation schématique ou symbolique d’un visage humain de profil, bouche ouverte qui ne présente.
C’est un parfait exemple de paléo-art, dans lequel l’artiste a peut être voulu exprimer ou schématiser un forme humaine. Cela lui demanda un indéniable travail d’abstraction, de conceptualisation et d’imagination si l’on fait appel à une notion artistique qu’il eut voulu exprimer.
Ce visage révèle aussi une très grande sensibilité de la part de l’artiste car il est doté d’une expression bouche ouverte, comme s’il voulait parler.
Il ressort une expression de puissance de la pensée exprimée dans la pierre et une prise de conscience de l’existence traduite dans l’expressionnisme, propre à traverser le temps.
Fruit d’une expérience artistique certaine, doublé d’une maturité d’esprit. Je vais humblement tenter de vous présenter quelques interprétations, avec la prudence qui sied à l’exercice.
- 3D – Modélisation en 3 dimensions : le visage humain de profil la bouche ouverte
- Quelques photographies du bloc à cupule représentant un visage humain de profil, l’œil et bouche ouverts.
- Description de la représentation
- Première possibilité : la représentation d’un crâne humain ?
- Seconde possibilité : la représentation d’un visage humain ?
- Troisième possibilité : l’anthropomorphe peut être une mise en garde contre les intrus ?
- Conclusion partielle, ouverte et personnelle
Un lot de 12 photographies haute définition ont été nécessaire, à la modélisation en 3D de ce mégalithe, représentation d’un visage anthropomorphe ; et un temps de calcul informatique de rendu 3D de 24 h environ.
3D – Modélisation en 3 dimensions : le visage humain de profil la bouche ouverte
NOTICE : Cliquez sur le cube animé, pour lancer la modélisation 3D ci-dessous, patientez un peu le temps du chargement.
- Ceci fait : mettez le curseur de votre souris ou de votre Trackpad sur l’image 3D et faites-la tourner à votre guise sur 360°,
- Vous pouvez aussi zoomer dans sur le modèle avec la molette de votre souris, ou bien avec les 2 doigts,
- Les contrôleurs sont situés à gauche, vous avez la possibilité de voir le modèle en plein écran.
- Lien direct vers la modélisation 3D du bloc cupulé anthropomorphe, avec la technique par photogrammétrie ici : https://p3d.in/Lnw67
- D’autres modélisation 3D de cupules, dolmens, habitats ou sépultures ici : https://p3d.in/u/goldsnoop/eFtCY
- Découvrez toutes les modélisations en 3D ici : https://p3d.in/u/goldsnoop
Quelques photographies du bloc à cupule représentant un visage humain de profil, l’œil et bouche ouverts.




Différentes vues, prises sous différents angles, permettent de mieux observer cette représentation d’un visage anthropomorphe de profil.
Description de la représentation
Procédons maintenant à une description détaillée de ce bloc à cupule inland – à l’intérieur des terres -, représentant un visage humain de profil.
Bien sûr, je ne divulguerai pas son emplacement exact, afin de préserver les lieux.
Les dimensions de ce bloc erratique en granite sont : de 75 cm de long et de 45 cm de large, 25 cm de profondeur ; initialement, il ne présente aucune particularité ni intérêt quant à la forme.
Il y a une cupule de forme ovoïde, de dimensions centimétrique, dont l’emplacement, judicieusement et très précisément placé, crée un œil ouvert, écarquillé.
La cupule représente la pupille et l’iris de l’œil.
Il y a sur ce bloc erratique des dessins stelliformes et réticulés, produits naturellement par des veines de quartz. Ce minéral étant plus dur et donc moins altéré par l’érosion naturelle.
Notez que cette cupule est située entre 2 lignes de quartz d’environ 5 cm de long en intersection, qui est une matérialisation de la sclérotique ou sclère qui est la membrane blanche et opaque, très résistante, de structure tendineuse et d’épaisseur de 1 à 2 mm, qui forme le « blanc » de l’œil.
À gauche un peu plus en bas, sur le côté, vous pourrez contempler le nez du visage.
Observons maintenant la partie basse du bloc cupulé : il y a 2 lignes de veines de quartz, chacune de 20 cm de long environ, qui se rejoignent et dont l’intersection représente une bouche ouverte.
En outre, si on observe la partie supérieure à droite, il est possible de remarquer des lignes de quartz, qui représentent une esquisse de chevelures.


Le fait d’avoir placé intentionnellement la cupule à cet endroit précis, créé l’illusion désirée. Un visage, un œil, un nez, une bouche et une esquisse de chevelure, il n’en fallait pas plus pour que nous y voyons un visage. L’artiste l’a imaginé en choisissant ce bloc en particulier, dont la forme se prêtait à l’exercice. Fruit d’une analyse intentionnelle, l’adjonction d’une cupule est artificielle. La répétition de ce type de visage inscrit dans la pierre semble relever d’une codification. Pouvons-nous pour autant parler d’école ; il est malaisé de répondre par l’affirmative. D’autres découvertes similaires permettrons de reconnaitre la patte de tel ou tel sculpteur. Patience…
Première possibilité : la représentation d’un crâne humain ?
Cette hypothèse pourrait être valable, si on prend en considération le fait que le crâne d’un défunt enterré ou non dans un espace clos – tombe, sépulture sous-roche -.
Lorsqu’on trouve dans une sépulture un crâne, bouche ouverte, maxillaire inférieur affaisé, c’est que le défunt fut enterré dans un espace clôt et non en pleine terre, ce qui aurait eu pour conséquence de garder les machoires serrées.
Par espace clos, entendons : une tombe, une ciste – coffre funéraire -, ou toute sépulture fermée par des dalles, dont celle de « fermeture », communément appelée de nos jours, pierre tombale.
Aussi, faut-il rappeler que si le défunt est déposé à même le sol en pleine nature, le maxillaire inférieur s’ouvre, sauf si le visage repose face contre terre ou si la tête repose sur une pierre ou dalle. Le menton reposera directement sur le tronc, empêchant à la bouche de s’ouvrir.
Quand cela n’est pas le cas, la personne a été mise en terre ; ainsi le maxillaire inférieur sera solidaire du supérieur, la bouche restant alors fermée.
Questions :
- Ce visage pourrait être la représentation d’un concept mortifère ?
- La représentation d’un défunt ou d’un vivant ?
- L’effigie d’une divinité liée à la mort ?
Seconde possibilité : la représentation d’un visage humain ?
Une seconde hypothèse émerge, en poussant l’interprétation un peu plus loin.
Il pourrait s’agir ici de la représentation réaliste d’un visage humain de profil, l’œil grand ouvert, la bouche exprimant un étonnement, une surprise, voire le dernier spasme l’ayant pris lors de l’étreinte dernière de la mort.
Il peut s’agit d’un exemple caractéristique d’art naturaliste ou semi-naturaliste, dont la représentation est assez proche de la réalité, le visage, ses proportions, l’emplacement de l’œil écarquillé, la bouche ouverte étant très réalistes. De plus, l’œil est représenté d’une façon anatomiquement très réaliste : avec une pupille / iris et la sclérotique.
Cependant, le fait qu’il y a aussi un rendu de l’expression avec un mouvement, une attitude, peut aussi faire penser qu’il s’agit d’art expressionniste. Le visage est un instantané comme on peut l’obtenir avec la photographie d’une scène, à un moment précis qui ne serait pas virtuelle mais vécue par l’artiste ou son modèle (photo isolée à partir d’un lot de prises de vues en mode rafale), ralenti d’un ressenti, à un moment donné, tel un témoignage de l’artiste.
Enfin, ce peut être rattaché à de l’art abstrait, de l’art schématique, dans lequel le sujet est réduit à un schéma plus intellectuel que visuel, le but n’étant pas de visualiser le sujet mais de l’évoquer : (anthropomorphe cruciforme). Dans ce cas le sujet serait plus généraliste, plus universel. N’importe qui, quel que soit le temps et l’âge, quelle que soit la culture, l’apprentissage et la religion, y voit un homme bouche ouverte. Il y aurait dans ce cas une intemporalité de l’œuvre, compréhensible par tout être, au delà des millénaire, lui procurant une forme d’immortalité. Nous touchons là au monde des archétypes et à l’inconscient collectif, tel que Karl Jung le développa. Ceci fera l’objet d’un article futur.
Les frontières sont donc très minces, entre ces différentes formes artistiques et le champ des interprétations possibles.
Questions :
- Peut-être que ce visage représente une personne vivante entrain de parler, de crier, de s’exprimer ?
- Une personne qui voit et contemple avec étonnement un fait et qui s’exprime ?
- Est-ce un hommage au chef du village, qui donne des ordres ou des instructions importantes ?
- Un hommage à une personne aimée et appréciée, dont l’élocution apportait du réconfort et des bienfaits à son entourage ?
- Un avertissement territorial à tout intrus dépassant « les limites du possible » ?
- Un gardien délimitant une aire tabou comme on peut l’attendre dans une nécropole ou une sépulture isolée ?
Nous vous en reparlerons après avoir développé une statistique de l’endroit où fut trouvé ce visage monolithe. Patience…
Troisième possibilité : l’anthropomorphe peut être une mise en garde contre les intrus ?
Une troisième hypothèse est à prendre en considération : le fait que cet anthropomorphe pourrait aussi être un avertissement, une mise en garde, destinés à prévenir les intrus et autres envahisseurs extérieurs, de ne pas pénétrer dans un territoire délimité.
La notion de territoire était très pris au sérieux, et peut être que cet anthropomorphe avait pour vocation de faire peur et d’effrayer les intrus potentiels, s’approchant d’une enceinte.
Il pourrait aussi être une borne de délimitation d’une zone peuplée ou sacrée (une zone interdite aux visiteurs, pour des raisons de croyances, superstitions ou religions, ou pour signaler la présence d’une nécropole).
Ce visage pourrait-il être un signal, un avertissement, une indication aux visiteurs dont le sens serait :
- Je vous vois, je vous surveille, et je vous ordonne de faire demi-tour et de partir !
- Halte! Je vous vois ! Rebroussez chemin ! Cette zone est sacrée et interdite !
Si nous prenons en compte ces idées et concepts d’autres questions peuvent émerger tel le parallèle tracé avec un épisode biblique : « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn… » Les épisodes décrits dans la Bible sont contemporains de la civilisation d’Ayer ; ceci se passa à l’âge du Bronze…
Questions :
- Si cet anthropomorphe est une indication d’un tabou que l’on ne peut transgresser, un signal de mise en garde, que protégeait-il vraiment ? Une zone peuplée, un village ou un lieu sacré interdit, une nécropole, un No man’s land entre deux clans ?
- Les anciens avaient des codes et des symboles compréhensibles par tous, tel notre code de la route contemporain ?
Conclusion partielle, ouverte et personnelle
N’étant ni archéologue, ni professeur, ni expert, je reste prudent. Me baser sur mes impressions personnelles est louable mais je souhaite surtout factuellement argumenter mes propos.
Pour ma part, dans ce que je vois et ce que je ressens par rapport à cette représentation de visage humain réaliste, 2 concepts sont bien visibles :
- la notion de verbe et de la parole,
- la notion de voir, observer, contempler, surveiller.
Ce visage réaliste rentre en concurrence avec d’autres visages d’ animaux sauvages existants (l’Homme Vs les Animaux), on pourrait y voir une promotion de la notion d’individualité et d’humanité par rapport à l’adversité. Notons que pendant la longue période que fut la préhistoire, les représentation pariétale et rupestres mettent toujours en avant le bestiaires que ces peuples chassaient. L’homme entrant pour une infime part dans les peintures. L’homme ne semble n’être rien ; seul compte le bestiaire. Ce qui nous fait écrire, que ce visage est peut être plus anthropomorphe qu’humain. Nous entrons là dans le domaine des divinités et de leurs représentants ici-bas. L’anthropomorphe n’est pas tant humain que bête ou pur esprit.
Néanmoins, la prise de conscience de la notion d’humain en tant que tel (la parole, la vue, en un mot les sens, le concept, l’idée…).
Le concept de verbe est très important parce qu’il est une matérialisation du pouvoir de la parole, de la force de la pensée et de la rhétorique et plus que tout de la vie ; à contrario des forces de la Nature que nul ne peut dominer mais apprivoiser par l’intercesseur qu’est ce visage à demi esprit et à moitié humain.
Le verbe et la parole sont des exclusivités humaines qui permettent de conceptualiser et d’exprimer des idées pouvant être matérialisées concrètement dans la réalité et le milieu environnant.
Le concept de voir, parce que représentation de l’œil est anatomiquement très réaliste : la pupille/iris, miroir de l’âme, ainsi que la sclérotique, y sont très bien représentés et très visibles.
C’est pour cela que je pense que cet anthropomorphe personnifie un humain ou un personnage vivant ou mythifié, ou une effigie divine, un fétiche, qu’une personne morte ou un crâne humain. Mais cela n’engage que moi.
Notre modernité numérique me fais penser à un émoji ou émoticône, ou à un personnage de bande dessinée, auquel il manque qu’une bulle de parole.
- Peut-être que l’artiste a voulu rendre hommage à une personnalité de son temps, en représentant une divinité, un ancêtre, un héros divinisé ou non, un chef, une personne aimée et respectée, dont l’élocution et la parole avaient pour rôle essentiels , d’apportaient bienfaits et oracles à un clan, un groupe ou à une personne ; celle de l’artiste même ?
- Ou bien est-ce que cet anthropomorphe est un totem, un symbole, une indication , un rappel destiné à mettre en garde et à effrayer des intrus, pour protéger une zone délimitée et définie, pour des raisons de suprématies territoriales ou de protection d’un lieu sacré, clos, tabou, donc interdit aux visiteurs, ou tout le moins à certains ?
Qui qu’il en soit, cette œuvre d’art a perduré dans le temps, pendant des siècles et des millénaires.
L’artiste a très certainement voulu créer une œuvre durable, pour les générations futures, à cause du choix du support (granite) et le motif de la composition, dont il a intelligemment mis à profit les imperfections de la roche pour en donner un rendu visuel universel car archétypal, compréhensible de tous.
C’est le reflet d’une intelligence, d’une anticipation, d’une conceptualisation, cette œuvre d’art est magnifique.
Ce bloc cupulé est un formidable témoignage émouvant de la puissance de l’intelligence humaine à cette époque, elle est intemporelle.
Et vous ? Qu’en pensez-vous ?
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article, j’espère que vous avez passé un agréable moment, je vous invite à nous faire part de vos remarques, commentaires et de vos expériences ou expertises à ce sujet.
- Auteurs : Claude Moune, Jérôme Ramond & Vivien Laïlle.
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