
Modélisation 3D par photogrammétrie : meule dormante en granite avec une petite cupule(Temps de lecture estimé : 12 minutes)
Bonjour les amis,
Dans cet article, je vais vous présenter une nouvelle modélisation 3D par photogrammétrie d’un objet assez insolite : un bloc de granite émoussé qui est une meule dormante, avec au milieu une belle et mystérieuse petite cupule.
Une meule est un objet technique, traditionnellement en pierre, qui permet le broyage, la trituration, le concassage, ou plus spécifiquement la mouture de diverses substances.
La meule et le la molette, associés ensemble, constituent l’un des premiers outils inventés et démocratisés, d’un usage quotidien, depuis les origines de l’homme.
Son usage est encore valable de nos jours, dans de nombreux pays.
La présence d’une meule dormante, ou meule à grain, est une preuve d’activités humaines et domestiques anciennes, dans le lieu de nos recherches.
Pourquoi il y a une cupule au milieu ? Difficile d’y répondre ! Cela reste un mystère.
- VIDÉO : explications et démonstration de l’utilisation d’une meule
- 3D – Modélisation en 3 dimensions d’une meule dormante en granite avec une petite cupule
- Photographies du bloc de granite : la meule dormante à cupule
- Une meule dormante avec une belle cupule
- Exemples de meules dormantes ou meules à grains du néolithique
La préparation par broyage ou mouture de substances végétales (racines, tubercules, amandes, feuilles…), animales (moelle, tendons…) ou minérales (ocre), en vue de leur consommation ou d’un usage technique, existe depuis plusieurs dizaines de millénaires.
À la différence du concassage qui consiste à faire éclater une enveloppe dure comme une coquille ou un os pour en récupérer le contenu, il s’agit ici de réduire en poudre ou en pâte une matière de consistance nettement plus tendre.

Bien sûr, je ne divulguerai pas l’emplacement exact de cet objet, voulant, vous le comprendrez, préserver le site de curieux, fâcheux, pilleurs et autres opportunistes.
En tous, 30 photographies numériques haute définition ont été nécessaires à l’élaboration du calcul de la modélisation en 3 dimensions de cette meule dormante.
Le temps de calcul total requis pour obtenir le rendu en 3D a été de l’ordre de 48 h, avec un ordinateur et une carte graphique puissante.
J’ai utilisé pour faire ce travail des logiciels spéciaux de photogrammétrie, les mêmes que ceux employés par les archéologues de nos jours.
VIDÉO : explications et démonstration de l’utilisation d’une meule
2 outils, la meule et la molette sont utilisés pour moudre ou à réduire en poudre, manuellement par des mouvements de vas-et-vient, de percussions ou de rotations, des denrées alimentaires, des plantes textiles ou des plantes médicinales : blés, orge, pois, lentilles, lin, chanvre, pavot.
L’usure du bloc montre le geste employé pour moudre les grains : mouture en percussion posée s’exerçant en un mouvement circulaire ou d’avant en arrière.
Sur celle-ci, c’est ce dernier mouvement qui fut choisi et imprima sa forme à la pierre.
La meule est l’un des premiers outils technologiques créés par l’Homme, employé encore de nos jours par de nombreux peuples dans le monde entier.
3D – Modélisation en 3 dimensions d’une meule dormante en granite avec une petite cupule
NOTICE : Cliquez sur le cube animé, pour lancer la modélisation 3D ci-dessous, patientez un peu le temps du chargement.
- Ceci fait : mettez le curseur de votre souris ou de votre Trackpad sur l’image 3D et faites-la tourner à votre guise sur 360°,
- Avec le clic droit de la souris, vous pouvez déplacer l’objet et changer d’axe principal,
- Vous pouvez aussi zoomer dans sur le modèle avec la molette de votre souris, ou bien avec les 2 doigts,
- Les contrôleurs sont situés à gauche, vous avez la possibilité de voir le modèle en plein écran.
- Lien direct vers la modélisation 3D par photogrammétrie ici : https://p3d.in/nO2EX
- D’autres modélisation 3D de cupules, dolmens, habitats ou sépultures ici : https://p3d.in/u/goldsnoop/eFtCY
- Découvrez toutes les modélisations en 3D ici : https://p3d.in/u/goldsnoop
Photographies du bloc de granite : la meule dormante à cupule
Quelques photographies ayant contribué à la réalisation de la modélisation en 3D par photogrammétrie de ce bloc de granite avec une cupule.






Comme vous pourrez le constater, le bloc est creux et émoussé d’un côté, signe d’une usure répétée et prolongée avec un autre bloc, par frottements successifs.
Il s’agit bien ici d’une meule dormante ou d’une meule à grain, sans la molette.
C’est un outil destiné à moudre ou à réduire en poudre, manuellement par des mouvements de vas-et-vient, de percussions ou de rotations, des denrées alimentaires, des plantes textiles ou des plantes médicinales : blés, orge, pois, lentilles, lin, chanvre, pavot.
Une meule dormante avec une belle cupule
Cette meule dormante ou gisante fut retrouvée à droite d’un orri en vallée du Riberot.
3 autres constructions complètent cet habitat pastoral groupé.
L’usure du bloc montre le geste employé pour moudre les grains : mouture en percussion posée s’exerçant en un mouvement circulaire ou d’avant en arrière.
Sur celle-ci, c’est ce dernier mouvement qui fut choisi et imprima sa forme à la pierre.
Un autre bloc plus petit à une soixantaine de cm d’elle permettait à l’officiant de s’assoir et de se déplier en se penchant en avant, bras tendu maintenant la molette broyeuse ou pierre meulière sur la meule.
Ce positionnement du corps s’appelle « à force du corps« .
Toutefois, même sans l’adjonction d’un siège, le « meunier » aurait très bien pu moudre en position agenouillée, comme c’est le cas avec les meules mexicaines – metate – en forme de selle à cheval et déjà employé par les mayas.
En tant que roche magmatique, le granit fut majoritairement choisi, d’autant qu’il est en très grande abondance dans tout le massif du Valier et dans la vallée du Riberot qui en est son prolongement.
Depuis, nous avons trouvé une seconde meule dormante plus en aval dans la vallée au sein d’une enceinte cyclopéenne, où de nombreux blocs à cupules ont été mis au jour.
La cupule qui se situe sur la partie gauche n’est pas un ajout récent, d’autant que le creusement de cupules cessa d’être pratiqué au moyen-âge.
Ceci nous permet de donner une antériorité à cette période.
Exemples de meules dormantes ou meules à grains du néolithique
L’examen attentif des broyeurs du Paléolithique (galet, molette, pilon-broyeur…) permet de déterminer la nature de l’action exercée sur la matière et le geste accompli ; la fonction de l’outil peut alors être précisée, ainsi que l’activité à laquelle il a participé.

L’homme de Néandertal utilisait déjà des outils sommaires pour écraser différentes substances, comme l’atteste la présence de broyeurs rudimentaires à la fin du Moustérien et de meules au Châtelperronien.
À partir de l’Aurignacien (vers 38000 ans), l’homme de Cro-Magnon utilise régulièrement meules, broyeurs allongés et molettes circulaires.
Ce matériel se diversifie à partir du Gravettien (vers 29000 ans), avec l’apparition de nouveaux types d’outils tels que meules-mortiers et pilon-broyeurs.

À la fin du Paléolithique, les meules de Wadi Kubbaniya (Moyen-Orient, 19000 avant le présent) sont impliquées dans des processus alimentaires et associées à des résidus de plantes tubéreuses dont on sait qu’il faut absolument les moudre avant de les consommer, soit pour en extraire les toxines (Cyperus rotundus, un souchet), soit pour faire disparaître la texture fibreuse qui les rendrait indigestes (Scirpus maritimus).
Les rhizomes de fougères et la chair du fruit du palmier doum, également retrouvés sur ce site, gagnent à être moulus pour améliorer leurs qualités nutritionnelles ; ils venaient ainsi compléter l’alimentation carnée des chasseurs-cueilleurs.
La mouture de graines d’orge ou d’avoine était pratiquée à la fin du Paléolithique supérieur (Franchthi) ou du Kébarien (Ohalo II, 19000 avant le présent).

Avec l’amélioration de l’outillage, la matière est de plus en plus finement broyée, mais on ne peut parler de mouture que lorsqu’elle devient une véritable poudre.
Ainsi, les hommes du Paléolithique supérieur européen dissociaient déjà broyage et mouture comme en atteste l’apparition à cette époque des premières dalles à moudre utilisées avec des broyeurs ou des molettes.
Si la mouture de céréales sauvages n’est pas attestée pour les débuts du Paléolithique supérieur, du moins en Europe, il n’est pas interdit de penser que la mouture d’autres matières végétales (glands, noix, noisettes…), animales (graisse) se pratiquait déjà pour les réduire en pâte avant cuisson.
De même, il est probable que les hommes utilisaient à cette époque des meules à des fins techniques, pour écraser des substances minérales (colorants) et certaines fibres végétales ou animales pour une utilisation technique.

Au Mésolithique, puis au Néolithique, avec la domestication des plantes, un matériel de broyage, de pilage et de mouture entièrement façonné et de beaucoup plus grandes dimensions fait son apparition.
À partir du Natoufien, plusieurs types de meules peuvent se côtoyer, telles que des meules profondes « en forme d’auge » ou des meules plates, ce qui témoigne d’une spécialisation de leur fonction.
Au Proche-Orient, le pilon-broyeur commence à être façonné à partir du Kébarien et du Natoufien.
Il évolua progressivement vers le pilon lancé qui est un objet lourd, généralement en bois.
Ce type de matériel subsiste encore de nos jours dans de nombreuses régions, comme en Éthiopie pour la mouture du mil.
L’apparition des meules plates et allongées au Natoufien (Abu Hureïra sur l’Euphrate) daterait du IXe millénaire av. J.-C.
Elles présentent des surfaces actives plus importantes et marquent l’apparition d’un nouveau geste, celui de la mouture exercée d’avant en arrière, à deux mains et qui implique une nouvelle posture du corps, agenouillé devant la meule.
L’apparition des grandes meules asymétriques et façonnées (Mureybet, Cheikh Hassan, vers 10000 BP) aboutira aux meules « en forme de selle » connues encore aujourd’hui avec le metate.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article, j’espère que vous avez passé un agréable moment, je vous invite à nous faire part de vos remarques, commentaires et de vos expériences ou expertises à ce sujet.
- Auteurs : Claude Moune, Jérôme Ramond & Vivien Laïlle.
- Nos recherches sont basées uniquement sur la prospection visuelle. Nous ne faisons pas de prospections invasives, la législation nous l’interdisant.
- Pour toutes demandes, questions ou remarques : paleo.art.cupules@gmail.com
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