
Etymologie du mot et nom Isard (1)(Temps de lecture estimé : 8 minutes)
. Au centre de la problématique microtoponymique/oronymique l’appelation « Isard » de la vallée éponyme. En effet, ce qui est identifié sur les cartes IGN comme « Isard » recouvrit au cours de siècles, de multiples orthographes. Nous essayerons de dégager les différents sens de ce vocable que nous connaissons encore actuellement comme un nom propre, qui toutefois recouvrit à une époque récente, un nom commun.
Nous essayerons de dégager les différents sens de ce vocable que nous connaissons encore actuellement comme un nom propre, qui toutefois recouvrit à une époque récente, un nom commun. Au centre de la problématique, l’isard est au delà de ce noble animal, un oronyme de la vallée éponyme – qui donna son nom à la vallée -. Il recouvre plusieurs sens dont trois que nous mettrons aujourd’hui en exergue.
1/ Le nom remonte aux celtes-ibères et a un rapport avec le fer. En effet, « isar » c’est le fer chez les celtes ; en tant que minerai -. On retrouve d’ailleurs de nombreux toponymes en Autriche, Allemagne.
Isengrin ou Ysengrin dans le « Roman de renard » est le loup : Is (Ys) = fer ; grin (le masque. Isengrin est donc « le masque de fer ». En néerlandais, il est « le casque de fer ».
Izerlohn en Prusse Westphalie est connu pour ses mines de fer. Isar est dans les langues germaniques le fer sous forme de minerai – ce qui laisse à penser qu’il y ait eu une exploitation de fer dans les proches environs de l’Espugues. Toute la vallée est « chargée » en fer. L’isérine quant à elle, est aussi un fer titané naturel. Tout ce qui précède nous ramène à l’âge de fer dans sa 1ère période dite de « Hallstatt » (-800 à – 440) – INRAP – et à la 2de dite de la « Tène »( -440 à -25 av J.-C).
Cela nous renvois indirectement aux Wisigoths (Westgoten en allemand) les goths de l’Est et au royaume wisigoth de Toulouse.
La vallée de l’Isard est bien pourvue en eau, ce qui corrobore doublement le mot Isard.
La fonction lustrale attaché la Vierge Marie, N.D de l’Isard dont le pèlerinage se déroulait sur un tapis de verdure les 4 et 5 août, avait à ses trois fontaines des chapelains officiant pour le salut des pérégrins et pérégrines à la fontaine éponymes, celle des chapelains : « La hount deths Caperats ». Cette fontaine est double : l’une d’eau claire, l’autre ferrugineuse, ce qui nous ramène au fer, abondant dans les environs. La Vierge de l’Isard » Vierge des sources, des friches. Le 2e sens peut être écarté, les sources abondent à proximité. Pré latin : Is, Ys
3/ Reste la dernière approche du mot Isard – promis, il n’y en aura pas de 4éme), qui est celle en rapport avec le feu. Comme toutes zones de pacages et le double plateau glaciaire de l’Isard en est un, on faisait des brulis ; on essartait. L’isard : Issart = terrain vague, espace gazonné, lieu défriché. Isard donnera Izar (d), Isard, Issart, Ichart (lieu-dit). Eishart (s) gascon (clairière).
4/ Il ne reste plus qu’a examiner le sens premier que tout le monde connaît: celui de ce noble animal.
Nous citons l’article : « Le dictionnaire historaiquede la langue française » Le Robert.
« Le nom masculin apparaît dans la lange française au XIVe siècle dans bouc ysarus (1387-1391) (1), puis isard (1553) et au pluriel issues (1614). Le mot et ses variantes sont attestés des deux côtés des Pyrénées ; on relève isard en catalan (XIVe s) et dans le domaine aragonais sisardo, chizardo et sarrio, d’où vient le castillan sarrio (1625) ; en France, on trouve à l’ouest des Pyrénées le type sarri et ses dérivés sarride « troupe d’isards », sarriat « petit isard »et à l’est le type isart. Certains rattachent ces formes au basque izar « étoile », à cause de la tâche blanche portée par les jeunes isards sur le front ; le suffixe basque -di, qui exprime l a présence, expliquerait le type isar-t d’une base préindoeuropéenne ibérique isard- de sens obscur, peut être antérieure au basque. Le passage à rr-, rd- s’expliquerait par des raisons phonétiques. La variante graphique izard est rare et archaïque.
Le mot a supplanté dans les Pyrénées chamois, mot employé dans les Alpes (cf. aussi le portugais camuza) pour désigner le même animal ; il demeure régional. »
Notons pour notre part que les mots sarrio, sarri, sarriat, milite pour un autre sens du mot « sarrat » que nous rencontrons sur les cartes IGN. La crête formant séparatiste entre deux combes, le défilé étroit, la saillie du terrain, la partie convexe entre deux éminences entre lesquelles… laisse à penser que c’est l’endroit où les isards trouvent refuge à altitude plus ou moins modérée.
Sarrot recouvrirait le même sens.
Les sarraus proche de la cabane de Lespugues se prêtent à cette explication, en des temps où ‘homme ne le chassait pas vraiment. Il se réfugierait par lazurite sur des hauteurs plus inaccessibles à l’homme.
Dans les Hautes-Pyrénées, l’endroit de regroupement préféré des isards est : Era penalty isardèra (2)
En plaine ou territoire valléen, nous retrouvons des noms de domaines agricoles, restés dans la toponymie : Issarteaux, glissement du domaine gallo-romain Issartellum, mais aussi Issartel / Essartiel, Issartial/Issertial – suffixe ial, du latin « ile ».
Le petit essart, l’isssartel qui agrandit la zone de culture à titre privé en bordure des terres seigneuriales . Voulant « prendre du champ » avec son seigneur, il n’échappait pas pour autant à être grévé de droites son « jardin secret » était englobé par son seigneur et maître. On retrouve donc ces traces dans : L’issart, l’issartou, l’essartas, ‘issard, les isards – finale « art » au suffixe « ard » –
Les noms Essartier, Issartier sont des patronymes du métier ou de la fonction privée d’éssarteur.
C’est aussi le travailleur itinérant ou saisonnier, sens généralisé à brasser, travailleur à la pioche.
Les épithètes de qualité et de défaut abondent : Bonissard – le bon essart – ; le Malissard – le mauvais… – ou le Malissart. En complément de description : Brunissard, le Falissart etc.
6/ Lizart : cf chant. Tiens ; un sens supplémentaire. J’arrête là ; promis, je ne vous embête plus avec cette charmante bestiole…

(2) La toponymie (Parc National des Pyrénées), édition Milan.
(3) Dictionnaire des nom de familles et noms de lieux du midi de la France, Jacques Astor, Editions du Beffroi.
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