
Quand les pierres s’alignaient sur la position du roi soleil(Temps de lecture estimé : 6 minutes)
. Si le Biros ne possède pas de cercle de pierres (Cromlech) à proprement parler, il se trouve néanmoins des alignements intentionnels de blocs, faisants face au soleil les jours d’équinoxes et au solstice d’été, dans trois endroits de la vallée du Biros, que les premiers colonisateurs de cette vallée érigèrent. . Aujourd’hui, nous allons développer notre découverte pour le site du « Pla de la Peyre », proche de la chapelle de l’Isard, décidément très riche tant historiquement qu’archéologique et désormais archéo-astronomiquement.
« Le soleil se lève pour tout le monde ». C’est en tout cas ce qu’affirme un proverbe Corse. . Si tel n’est pas forcément le cas pour tout le monde au sens figuré, il en va autrement du sens propre. Effectivement, le soleil se levant depuis des « lustres » sur l’horizon, pasteurs et agriculteurs dès le Mésolithique (9000/5600 av. JC), eurent le désir de matérialiser les levers et couchers les plus caractéristiques de l’année tropique (solaire). .
Le mégalithique était né : Μεγας (méga/grand) Λιτθς (lithos/pierre).
Cette pratique apparut au Néolithique moyen (4500 av. JC), se poursuivra au Chalcolithique et à l’âge du bronze, (2200 /800 av. JC), perdurant jusqu’à l’âge de fer (800/440 av. JC). .
Ces jalons hiératiques auront été autant de repères « sur le terrain » pour les cultes agraires dévolus à l’astre du jour et les activités agrestes in situ. .
L’occupation du Haut-Couserans remontant au Bronze final (1350/800 av. JC), nous pouvons fixer une fourchette raisonnable, néanmoins importante de (1300/52 av.JC), quant à l’édification des alignements qui occupa leurs contemporains et nous occupent… une grande partie de notre temps (sic). .
Outre cela, le christianisme s’implanta en Couserans au IVe, ap. JC.
. De sa capitale Lugdunum Consoranum (St Lizier), l’action évangélique des prédicateurs tel Valérius (1er évêque de la cité épiscopale), supplanta progressivement les pratiques dites païennes plus ou moins définitivement. Ceci allonge d’autant la fourchette de composition des dits alignements, à 600 ap. JC. .
Nous voyons que la disposition de ces pierres de moyenne grandeur s’étale à nos pieds et sur plusieurs périodes d’occupations, allant de l’âge du fer au bas-moyen-âge, en passant par l’antiquité, soit 1900 ans. Seuls des sondages recherchant des artefacts, permettraient une datation quant aux sociétés qui se succédèrent sur le site du Pla de la Peyre, sans pour autant déterminer avec certitude l’identité de celle qui ordonna ce chaos.
. Ayant pénétré les hautes-vallées couserannaises, les hommes de la protohistoire s’élevèrent et portèrent leurs pas dans ce haut lieu, tant par son altitude que par sa position stratégique. .
Au carrefour de la vallée d’Araing et de l’Isard, son emplacement ne fut pas le fruit du hasard comme nous le verrons dans un autre article.
Pour le présent, bornons nous à poser les limites circonscrites au site du « Pla de la Peyre ».
. Les relevés tributaires d’un ciel dégagé au lever et au coucher, se sont échelonnés entre 2010 et 2019. .
Ils ont mis en évidence l’orientation de plusieurs alignements de blocs..
. Pour édifier cet ensemble au premier abord aléatoire, la méridienne fut matérialisée par un alignement pointant le sud (cf : cliché 2). Ensuite, il définirent toutes les directions s’articulant autour de cet axe (cf : cliché 1).
. La dalle la plus importante du site (cliché 2), donna le nom au site éponyme : Pla de la Peyre.
. La dalle claire au centre (2) est le pignon, autour duquel se croissent d’autres alignements. Le second axe privilégié fut le solstice d’été (cf : 3). C’est la Heel stone du site. .
Les travaux pastoraux en estives, se déroulant principalement en été, l’accent fut porté sur cette orientation.
. Les ≠ angles des levers et couchers de soleil par rapport à une plaine dégagée, sont dus au relief marqué en montagne. En effet, le soleil apparaît sur les crêtes bien après son lever en plaine et disparaissant bien avant son coucher.
(1) Vue générale du site (levers et couchers des équinoxes & solstices) (2)Méridienne (Sud)
(3) Lever du soleil au solstice d’été ((63°) Coucher au solstice d’été au col du Tuc de l’Auère (294°)
Lever aux équinoxe au col de Léat (94°) Coucher aux équinoxes au col du Couret de l’Etang (263°)
Le temps était optimal en ce 21 décembre 2020. Le soleil pointa juste sous la crête du pic de l’Har à 11h16 à 178°, marquant à 2° près la méridienne (Sud). À cette occasion, un alignement fut mis en connexion sur le site du Pla de la Peyre (alt 1425m) (cliché N° 1).
Une fois descendu à la chapelle de l’Isard, située à une altitude inférieure (1322m), il fallut attendre 12h16 pour que darde l’astre du jour sur l’antécime du pic de l’Har. Il s’avéra que le mur N/S était aligné pile sur le levé du soleil (cliché 2).
Etant à une altitude inférieure, Pour se faire, le photographe s’est légèrement déporté sur la gauche afin de prendre la photo, ce qui ne montre par tout à fait l’alignement en connexion bien réel avec le soleil.
. Cliché 1 Cliché 2
Le soleil rejoignit la crête horizon à 15h16 sous l’antécime du Crabère à un angle de 214°.
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La croix solsticiale produit des solstices d’été et d’hiver à une forme particulière, dû à l’environnement montagnard, n’offfrant pas un horizon linéaire. Nous la reproduirons ultérieurement, ainsi que les alignements du Pla de la Peyre mis en connexion.
Voici quelques autres alignements remarquables (clichés pris en août) :
. Pointe le Sud sur la Pyramide de Serre
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. ⇑
Plein Est sur la Core de Léat à 88°
. La Core de Léat pointe le plein Est ; le pic du Pièle de Mil (Pic de Plumière) le plein Ouest.
Il ressort de ces différents relevés que le site du Pla de la Peyre fut choisi à bon escient, pour sa place centrale sur le dispositif solsticial et équinoxial.
. Situé en région Occitanie, dans le Haut-Couserans, sur la commune d’Antras (cadastre : feuille 8, parcelle 2482, section OC), le site est implanté dans la vallée de l’Isard à 1420 m d’altitude (42°51’25.91’’N / 0°53’19.02’’E), sur un replat au lieu-dit Pla de la Peyre, (42°51 ‘424.92’’N / 0°53’02.05’’E). Surplombant à l’ouest la cabane forestière de l’ONF (1400m) et à une encablure du ruisseau de l’Isard, non loin de la chapelle éponyme (1322 m) à l’est, intégrée à cette étude.
. Le réseau étudié dans ce rapport est circonscrit entre l’étage montagnard et subalpin.
. Carte Ign Top 25, 1947 OT (Aspet)
Si vous souhaitez pénétrer les arcanes de l’archéoastronomie… quelques saines lectures.