Oronymie de la vallée de l’Isard(Temps de lecture estimé : 5 minutes)
. Cette série d’articles s’intéressera au contexte qui forgèrent les noms que nous connaissons actuellement, ainsi que l’impact qu’ils eurent sur les sociétés qui les élaborèrent et celles qui les suivirent…
La présente étude s’est concentrée sur la vallée de l’Isard, berceau de la vie pastorale biroussane, afin de mettre en lumière des éléments pouvant avoir un rapport direct ou secondaire avec les sites historiques et archéologiques étudiés par l’association « Mémoire et patrimoine du Biros et du Castillonnais » sur le 1er et 2d plateaux, formant la vallée glacière éponyme, pour tenter un nouvel éclairage.
————
Cette méthodologie nous permet de donner des axes de recherches futures et d’émettre des hypothèses. Creuser l’idée d’une approche ouverte dégagera les racines de notre histoire de leur gangue d’ignorance. Gardons cependant présent à l’esprit qu’il est délicat de certifier une interprétation tangible et définitive des dénominations de lieux et de pics, tant la distance culturelle et linguistique qui sépare hier et aujourd’hui est immense. L’interprétation reste souvent ténue, parfois même aléatoire… Effectivement, les noms relevés pour l’élaboration de la carte de « Cassini » (1683) pour le compte de l’Académie royale des sciences, auprès de populations autochtones patoisantes, ne parlant que la langue native et pour certains à l’accent très prononcé, donnèrent lieu à quelques approximations…
Par la suite le service cartographique des armées se heurtera aux mêmes difficultés ou ne fera que reprendre les relevés toponymiques de leurs prédécesseurs, relayant les mêmes extravagances.
L’IGN reprenant le flambeau et parfois les mêmes erreurs, perpétuera certaines inexactitudes : Ex : la cabane de Tourmas ; en réalité Trou Mas. Excepté ces rares contre-sens, au-regard de la somme de travail réalisé au fil des générations de cartographes, le résultat final est remarquable.
Restons conscient face au vide qui sépare le monde d’avant et actuel, sans pour autant céder au vertige d’une entreprise exploratrice.
La métonymie nous apprend qu’un terme peut en cacher un autre plus ancien, dont le sens s’est perdu dans les méandres du temps. Et les quelques lumières qui nous éclairent, sont égales à notre ignorance.
L’idée sous-jacente qui lui est associée et qui semble faire allusion à « une autre réalité » reste en l’état de nos connaissances, inaccessible à notre entendement, ainsi que les conceptions religio-culturelles et la psychologie de ces anciens peuples qui présida à l’élaboration des appellations de pics et de lieux. . Les couches successives civilisationnelles qui se sont succédées, voire mélangées après des conquêtes de territoires, ont apportées dans leurs bagages, une langue différente ou approchante qui supplanta totalement ou partiellement les dénominations locales, ce qui amènera les nouveaux locataires de nos montagnes, à changer totalement ou partiellement la toponymie et l’oronymie de leur nouvel espace pastoral. Le destin de la toponymie n’est-il pas d’être d’humeur changeante ? Certains sommets et lieux emblématiques, vénérés et sacralisés, seront assimilés par les envahisseurs successifs ; les romains furent à cet égard les plus conciliants, à la différence du christianisme, religion citadine par excellence, qui superposa sa conception et ses symboles à ceux des sociétés païennes par définition rurales et agrestes, quand elle ne les détruisit pas. Malgré les vicissitudes du temps et des hommes, certains substrats antiques restent encore perceptibles dans les appellations modernes, entrouvrant une lueur d’espoir dans l’obscurantisme, afin de remonter au plus près du sens premier, sans jamais le révéler entièrement… Quelques oronymes perdurèrent, perpétuant pour un temps leur sens originel, avant de glisser sémantiquement vers une signification différente. Qu’ils fussent progressifs ou subits, ces nombreux appauvrissements laissent hors d’atteinte leur compréhension. . Au regard de tout ce qui précède, toute analyse linguistique doit se doubler d’une modestie conjuguée au conditionnel, quant à ses conclusions. Elles sont souvent trompeuses et parfois erronées. . Toutefois, cette étude oronymique et microtoponymique, se veut évolutive par le souhait de ceux qui la réalisent. Elle reste nécessaire, afin d’éclairer sous un jour nouveau des pans d’histoire restés dans l’ombre de nos mémoires effacées…
. Claude MOUNE
Je remercie chaleureusement Marie Claude MOUNE et Yves ROUGES pour leurs précieuses corrections sur la liste ci-dessous..
Les toponymes suivent les crêtes dans le sens dextrogyre (sens horaire).
Préfixes en aou :
Pic de l’Auère : de l’aubépine, aoujous (myrtilles) Etang d’Uls : Lux – Lumière / Plumière
Col d’Auarde (o) : aubépine
Col d’Aouéran : Abelio (dieu)
Préfixes en us :
Usclade :
Usses : Uss : hauteur. // ouson. Ours
Suffixes en asse :
Pladalasse : plan d’Alassa (grande plaine) Les Pugues : les Pans +Trascule (Cassini).
Fongasse : boue, forêt des fanges
Calabasse :
Turmas : Troumas (véritable appellation), Touloumasse
PICS
Pic de Laura : lat. laura (laurier)
de l’Aouère : de l’aubépine
de Paumaude : Ou Paumauda, Pont Mauda // avec le Tuc de Mauda au dessus du col de Nédé. . Pomeranda ( )
de calabasse chaux + assa (suffice augmentatif)
d’Auère : aubépine
du Pièle de Mil : anc, Mail Plumière (Cassini et Institut cartographique de Catalogne)
Noir :
des Lanères :
de la Mède : ou Mêde ( )
de Birens: pâturages, pyrens, pyren
de l’Har : Part, Lard, pierre
TUCS
de Pomeranda : ou Pic de Paumaude (a), Pont Mauda ( )
des Pans : pain, lat pan,
des Courdals : // avec Courtals
du bouc : // avec le dieu Pan
de l’Usclade :
des Cos : des pierres
de la Core de Léat : (col )
CAPS
de la Coume d’Ouiellet :
des tucs : (ancien Cap de Cos)
COLS
de la Célade : lat cælum,
d’osquet : // asquit osca (marque dans le bois)
de la Calebasse :
de la Terme : latin terminus,
d’Aouarde : lieu d’observation,
de Bassibé : (de dessus) et (de dessous)
des Croisets : des croisements
des Cos : des pierres
de Déjouts : des sommets, lat jugum. Anc appellation : col des Sylphes
de Léat :
PÂTURAGES :
Les Tremailles :
SOURCES – ETANGS
du Tap :
Fongasse :
Fontaines rouges :
Pladalasse :
des Picorles (Uls) :
d’Uls :
d’Araing : d’Areing, d’Areigne (Cassini)
GOUFFRES
Trous des Maumats :
CABANES :
d’Auédole :
de la loze :
de Tourmas : Troumas , Touloumasse
de la vielle :
. BIBLIOGRAPHIE
La bible de toute étude toponymique en Gascogne :
Laisser un commentaire